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Colloque : "AAC - L’Attachement émotionnel aux machines : nouvelles façons de créer des liens au Japon (Freie Universität Berlin, 25–26 octobre 2019)"

Publié le par Université de Lausanne (Source : Agnès Giard)

 

L’Attachement émotionnel aux machines : nouvelles façons de créer des liens au Japon

Colloque International, Freie Universität Berlin, 25–26 octobre 2019

Dates du colloque : 25/10/2019 et 26/10/2019
Date-limite de soumission des propositions : 14/6/2019
Lieu : Freie Universität Berlin, Berlin, Allemagne
Disciplines : études japonaises, sciences de l’affect, anthropologie, sociologie, études culturelles, psychologie, etc. 

Le colloque est organisé par le projet de recherche européen (ERC) ‘emotional Machines: The Technological Transformation of Intimacy in Japan’ (EMTECH) à Freie Universität Berlin. 

 

Argumentaire 

Les technologies dites « émotionnelles » jouent un rôle de plus en plus important dans nos vies et contribuent à faire des machines – autrefois reléguées au rôle de simples outils – des objets dotés d’une agentivité. Certains de ces objets, prenant les traits de « partenaires interactifs », suscitent même un travail d’investissement intense : il est possible de nouer avec eux des liens affectifs et des relations d’interdépendance de forme ou d’intensité variables. Dans les années 1990, le cas des Tamagotchi en offre une illustration exemplaire : les propriétaires de ces petits gadgets électroniques ont pour tâche d'élever un poussin virtuel et de veiller à son bien-être.

Au Japon, un nombre croissant d’interfaces issues des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) sont spécifiquement conçues pour favoriser l'attachement : les robots émotionnels (Pepper, Lovot, par exemple), les épouses holographiques, les petits amis à télécharger et les partenaires en réalité augmentée sont commercialisés à des prix toujours plus attractifs. L’attrait qu’ils exercent est tel qu’une frange non-négligeable de consommateurs affirme préférer ces formes de vie artificielles aux humains de chair et d’os. Défiant le stigmate qui frappe les amateurs de « mondes artificiels », ces hommes et ces femmes vont jusqu’à « épouser » publiquement leur personnage en « 2D » préféré lors de cérémonies de mariage simulé au cours desquelles ils et elles échangent des bagues et signent des faux contrats de mariage avec leur bien-aimé-e de fiction. L’industrie du jeu vidéo participe largement à l’essor de ce marché « de l’amour illusoire » (mōsō ren’ai) et, bien qu’il s’agisse d’un marché de niche, elle cible maintenant le grand public. Avec la prolifération d'appareils électroniques toujours plus innovants, ce phénomène d'attachement aux créatures artificielles est appelé à se développer davantage au Japon, ainsi que dans le monde. Comment ces nouvelles façons de créer du lien peuvent-elles être comprises et expliquées ?

Ce colloque international et interdisciplinaire s’intéressera à la manière dont l’être humain établit des relations intimes avec des « entités numériques émotionnellement intelligentes » (robots, hologrammes, etc.) et aux raisons pour lesquelles il s’engage dans une histoire avec elles. Suivant quelle logique ? Le fait-il par confort, en vue de s’épargner les vicissitudes d’une vie en compagnie des humains, ou dans un autre but ? L’un des objectifs du colloque sera d’élargir et d’ouvrir l’analyse du phénomène, afin d’éclairer la nature de l'« attachement artificiel » sous des formes moins naïves que celles qui contribuent toujours à faire débat. Les technologies qui favorisent des connexions émotionnelles entre humains et créatures numériques sont en effet perçues comme une menace. Et cela d’autant plus lorsqu’elles s’appuient sur la « simulation » (un mot que l’on confond souvent avec mensonge, tromperie ou fraude). Ces technologies sont fortement soupçonnées de porter atteinte à l’identité sexuelle des humains ou de menacer les liens sociaux. 

L’impact de ces technologies sur les structures traditionnelles de la famille et de la société sera également exploré. Les relations intimes avec des machines favorisent-elles la désaffection pour des contacts « dans la vraie vie »  avec de vraies personnes ? Ces relations sont-elles facteur d’isolement ou, au contraire, de soutien social ?

D’autres questions seront abordées : quel est le profil des personnes qui investissent du temps et de l’énergie dans des relations romantiques avec des créatures numériques ? Comment se perçoivent-elles, comment s’identifient-elles et interagissent-elles en société ? Suivant quelles stratégies commerciales les fabricants d’interfaces émotionnelles (jeux vidéo, logiciels, gadgets électroniques, robots, etc) mettent-ils au point leurs produits et leurs campagnes ? Quelles règles président à la fabrication des entités les plus populaires (aimables) ? 

Pour finir, le colloque portera aussi sur l’étude des technologies qui facilitent les relations entre humains, telles que les technologies de la réalité virtuelle.

Les communications porteront principalement sur le Japon, mais des chercheurs travaillant sur des tendances similaires dans d’autres pays sont invités à faire des propositions.

  • Modalités de soumission des propositions de communication 
  • Les propositions doivent être soumises en anglais et envoyées par email  à elena.giannoulis@fu-berlin.de en format PDF. Ces propositions (entre deux et trois pages) comprendront un titre, un résumé et une courte biographie de l’auteur-e (incluant son nom et son affiliation). 
  • Dates clés 
  • Date-limite de soumission des propositions : 14 juin 2019
  • Réponse : 14 juillet 2019
  • Colloque : 25-26 octobre 2019

Membres du comité scientifique et d’organisation du colloque : Prof. Dr. Elena Giannoulis, Dr. Agnès Giard, Berthold Frommann.

Contact : toutes les questions peuvent être envoyées à elena.giannoulis@fu-berlin.de