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Les variations diatopiques dans les expressions figées (Revue Lingvisticæ Investigationes) [FR/EN]

Les variations diatopiques dans les expressions figées (Revue Lingvisticæ Investigationes) [FR/EN]

Publié le par Université de Lausanne (Source : A. Grezka)

Volume spécial de la revue Lingvisticæ Investigationes « Les variations diatopiques dans les expressions figées ». (https://benjamins.com/catalog/li/main)

Date limite de soumission : 1er janvier 2020 

 

Special Issue of Lingvisticæ Investigationes “Les variations diatopiques dans les expressions figées”. (https://benjamins.com/catalog/li/main)

Deadline for submission: 1erJanuary 2020

(English version below)  

 

Coordination :

Grezka, Aude (CNRS/Université Paris 13, Laboratoire LIPN, France)

Mogorrón, Pedro (Universidad de Alicante, Espagne)

Site : https://benjamins.com/#catalog/journals/li/main

 

 

APPEL À PROPOSITION

Traditionnellement, dans l’étude des langues, voire même dans l’enseignement, la variation[1]a été conçue comme un sujet secondaire. Cependant, toutes les langues indépendamment de leurs caractéristiques linguistiques, historiques, sociales et des zones géographiques où elles sont parlées, sont soumises à de nombreux changements comme le signale Gadet (2003, 13) : « Il n’est pas de langue que ses locuteurs ne manient sous des formes diversifiées ».

            Toutes les langues naissent donc sous le signe de la variabilité et de la variation linguistique et extralinguistique. La variabilité équivaut à la capacité de toutes les langues naturelles de produire/générer des variations lorsqu’elle s’actualise en discours. La variation est donc la conséquence inhérente et directe de la variabilité de toutes les langues naturelles. Notamment, la langue parlée qui est le lieu par excellence de la variation. Il est bien connu que des locuteurs appartenant à des communautés linguistiques ou géographiques différentes emploient des stratégies distinctes pour décrire une même situation et que chaque communauté à crée ou complété son propre système lexical et sémantique. Ainsi : « Como no podía ser de otra manera, la influencia indígena es tan tangible en el español de hoy que no podríamos entenderlo sin ella. Pensemos, por ejemplo, en la vida cultural y en la naturaleza del mundo físico que incorporan y hacen suyo en el ámbito del español. Mejor dicho, los horizontes y límites del español actual no tendrían cabida en la vieja provincia que lo vio nacer : Castilla. La extraordinaria realidad del español sería impensable sin la aportación de los países americanos » (Sánchez Lobato, 1994, 558).

Les langues se soumettent, dans leurs fonctions de transmission, de communication et d’échange socioculturel, à deux grands types de  variation :

  • la variation linguistique, qui touche les niveaux lexicaux, syntaxiques, textuels et communicatifs ;
  • la variation extralinguistique, qui elle est étudiée dans les dimensions diachroniques, diatopiques ou diastratique[2](Labov, 1972 ; Gadet, 2003).

De nombreux travaux de recherche menés sur les expressions figées ont souligné le fait que ces séquences étaient figées par rapport aux constructions libres parce que leur(s) constituant(s) et leur(s) structure(s) demeuraient généralement invariable(s), étant donné que ces unités complexes constituaient des composantes aussi stables que le reste des lexèmes libres simples de la langue.

 

Ainsi, comme il ne pouvait en être autrement, la variabilité et la variation que nous devons considérer comme un axiome qui caractérise toutes les langues, affecte également la phraséologie et le figement.De nombreuxauteurs ont souligné le fait que les expressions figées ne sont pas aussi figées qu’il ne semblait.

M. Gross (1988, 22) : « Les phrases figées ne sont qu’exceptionnellement figées. Même dans les cas les plus contraints, elles possèdent des degrés de liberté». On constate en effetque dans de nombreux cas d’expressions figées des substitutions sont possibles et certains éléments peuvent être substitués sans que le sens change. C’est aussi ce qu’a fait remarquer M. Gross (1988,10–11) : « Il existe des phrases figées synonymes entre elles dont la forme suggère de les apparenter en constituant des classes d’équivalence qui auraient un caractère local pour les noms, c’est-à-dire qui seraient limitées à des contextes particuliers. On signalera ainsi : 

-        Max a perdu la raison.

-       Max a perdu [la tête + la boussole + la nénette + la tramontane + le nord + l’esprit + le Jugement + les pédales]. ». 

Pour G. Corpas Pastor (1996, 20) : « Las unidades fraseológicas son unidades léxicas formadas por más de dos palabras gráficas en su límite inferior, cuyo límite superior se sitúa en el nivel de la oración compuesta. Dichas unidades se caracterizan por su alta frecuencia de uso, y de coaparición de sus elementos integrantes ; por su institucionalización semántica; por su idiomaticidad y variación potenciales ; así como por el grado en el cual se dan todos estos aspectos en los distintos tipos ».

G. Gross (1996,16) précise : « Mais cette situation [en parlant du figement total]n’est pas la plus fréquente. On trouve souvent, dans une position donnée, une possibilité de paradigme. Ainsi, dans la suite rater le coche, on peut remplacer le verbe raterpar louperou manquer : louper le coche, manquer le coche. Il y a là une liberté lexicale, même si le sens reste opaque dans les trois cas. Les variantes sont plus fréquentes que le figement total, comme on peut le constater d’après les recensements systématiques qui ont été opérés sur les noms (M. Mathieu-Colas, P.-A.Buvet). ». 

S. Mejri (2014, 188) « Ce qui est vrai du lexique en général l’est aussi pour les unités phraséologiques, qu’il s’agisse de séquences figées ou de collocations. Les phraséologismes partagent tous les types de variation avec les autres unités lexicales. Elles s’en distinguent, de par leur nature syntagmatique, par leur capacité à créer, par le biais de leurs composants, des paradigmes qui donnent lieu à des variantes des mêmes séquences… De telles variantes sont loin d’être l’exception. Plusieurs études s’appuient sur l’extrême abondance de telles variations pour remettre en question le caractère figé de ces séquences (cf. par exemple J.-A. Anscombre, 2008) ».

I. Penadés Martines (2014, 66-68) souligne le caractère marqué/non marqué de nombreuses locutions : « ...de este modo, no marcadose utilizará para indicar un uso neutro de una variante, es decir, que la variante o las variantes fraseológicas en cuestión pueden aparecer indistintamente en una gran diversidad de contextos...Por el contrario, marcadoseñalará que una variante fraseológica es propia de alguna sincronía o estado de lengua, de una determinada diatopía, específica de hablantes caracterizados por alguna variable social o en particular de alguna situación comunicativa o de una modalidad de lengua ».

 

 

Dans le cadre de ce numéro de revue, nous désirons traiter en profondeur les différents cas de variation(s) et de création(s) linguistique(s) et extralinguistique(s)  phraséologique(s) qui se produisent dans une langue, notamment les cas de variations géographique.

 

Les contributions peuvent concerner les domaines suivants :

-       Phraséologie et phraséologie contrastive

-       Phraséologie et linguistique du corpus

-       Phraséologie dans le discours

-       Phraséologie et langue étrangère

-       Variétés (géographiques, sociologiques, historiques…)

-       Variations (lexicales, morphologiques, syntaxiques…)

 

 

Auteurs de la proposition :

Grezka, Aude (CNRS/Université Paris 13, Laboratoire LIPN, France)

Mogorrón, Pedro (Universidad de Alicante, Espagne)

 

Comité scientifique :

Anscombre, Jean-Claude (CNRS)

Blanco Escoda, Xavier (Universitat Autònoma de Barcelona, Espagne)

Catena, Angels (Universitat Autònoma de Barcelona, Espagne)

Colson, Jean-Pierre (Université Catholique de Louvain, Belgique)

Corpas Pastor, Gloria (Universidad de Málaga, Espagne)

Cuadrado Rey, Analía (Universidad de Alicante, Espagne)

Dugas, André (Université du Québec, Canada)

González Rey, Mª Isabel (Universidad de Santiago de Compostela, Espagne)

Grezka, Aude (CNRS/Université Paris 13, Laboratoire LIPN, France)

Le Poder, Évelyne (Universidad de Granada, Espagne)

Masseau, Paola (Universidad de Alicante, Espagne)

Mogorrón Huerta, Pedro (Universidad de Alicante, Espagne)

Navarro Brotons, Maria Lucia (Universidad de Alicante, Espagne)

Navarro Domínguez, Fernando (Universidad de Alicante, Espagne)

Oddo, Alexandra (Université Paris Nanterre, France)

Ortiz Álvarez, M.L (Universidad de Brasilia, Brésil)

Penadés, Inmaculada (Universidad de Alcalá, Espagne)

Poirier, Éric (Université des trois rivières, Canada)

Rico Suslayes, Antonio (Universidad de las Américas Puebla, Mexique)

Ruiz Gurillo, Leonor (Universidad de Alicante, Espagne)

Sevilla Muñoz, Julia (Universidad Complutense de Madrid, Espagne)

Suárez de la Torre, Mercedes (Universidad de Manizales, Colombie)

Wotjak, Gerd (Universität Leipzig, Allemagne)

 

Calendrier :

  • Diffusion de l’appel à communication: 15mai 2019
  • Date limite de soumission : 1er janvier 2020
  • Notification aux auteurs : 1ermars 2020
  • Version finale : 1er août 2020
  • Publication : octobre 2020

 

Langue  :

Les articles doivent être rédigés en français ou en anglais.

 

Procédure de révision :

Les membres du comité de rédaction volume veilleront à ce que chaque contribution soit examinée anonymement par au moins deux membres du comité scientifique.

 

Les articles sont à envoyer à :

grezka@lipn.univ-paris13.fr

pedro.mogorron@ua.es

 

 

 

************   ENGLISH VERSION 

 

Traditionally, in the study of languages, or even in teaching, variation has been conceived as a secondary subject. However, all languages regardless of their linguistic, historical and social features, and their geographic areas where they are spoken, are subjected to many changes as reported by Gadet (2003, 13): “Il n’est pas de langue que ses locuteurs ne manient sous des formes diversifiées”.

All languages are born under the sign of variability and linguistic and extralinguistic variation. The variability equates to the ability of all natural languages to produce/generate variations when updating during the speech. The variation is therefore the inherent and direct consequence of all natural languages variability, especially in the case of oral language, the variation place par excellence. It is well-known that speakers of different linguistic or geographic communities employ different strategies in order to describe the same situation, and every community has created or completed its own lexical and semantic system. In this way: “Como no podía ser de otra manera, la influencia indígena es tan tangible en el español de hoy que no podríamos entenderlo sin ella. Pensemos, por ejemplo, en la vida cultural y en la naturaleza del mundo físico que incorporan y hacen suyo en el ámbito del español. Mejor dicho, los horizontes y límites del español actual no tendrían cabida en la vieja provincia que lo vio nacer : Castilla. La extraordinaria realidad del español sería impensable sin la aportación de los países americanos”(Sánchez Lobato, 1994, 558).

They are subjected in their functions of transmission, communication and socio-cultural exchange to two main types of variation:

-      linguistic variation, which affects lexical, syntactic, textual and communicative levels;

-      extralinguistic variation, which is studied in the diachronic, diatopic or diastratic dimensions[3](Labov, 1972 ; Gadet, 2003).

Many research studies on frozen expressionshave emphasized the fact that these sequences were frozen in relation to free constructions because their constituent(s) and their structure(s) remained generally invariable(s), since these complex units constituted components as stable as the rest of the simple free lexemes of the language.

Thus, as it could not be otherwise, the variability and variation that we must consider as an axiom that characterizes all languages, also affects phraseology and fixation.

In addition, other authors have also pointed out that frozen expressions are not as fixed as they seemed.

M. Gross (1988, 22): “Les phrases figées ne sont qu’exceptionnellement figées. Même dans les cas les plus contraints, elles possèdent des degrés de liberté”. It can be seen that in many cases of frozen expressions, substitutions are possible and certain elements can be substituted without a meaning changing. This is also what M. Gross (1988, 10-11) underlined: “Il existe des phrases figées synonymes entre elles dont la forme suggère de les apparenter en constituant des classes d’équivalence qui auraient un caractère local pour les noms, c’est-à-dire qui seraient limitées à des contextes particuliers. On signalera ainsi : 

-      Max a perdu la raison

Max a perdu [la tête + la boussole + la nénette + la tramontane + le nord + l’esprit + le Jugement + les pédales].”.

G. Corpas Pastor (1996, 20): “Las unidades fraseológicas son unidades léxicas formadas por más de dos palabras gráficas en su límite inferior, cuyo límite superior se sitúa en el nivel de la oración compuesta. Dichas unidades se caracterizan por su alta frecuencia de uso, y de coaparición de sus elementos integrantes; por su institucionalización semántica; por su idiomaticidad y variación potenciales; así como por el grado en el cual se dan todos estos aspectos en los distintos tipos”.

G. Gross (1996, 16) says: “Mais cette situation [en parlant du figement total]n’est pas la plus fréquente. On trouve souvent, dans une position donnée, une possibilité de paradigme. Ainsi, dans la suite rater le coche, on peut remplacer le verbe raterpar louperou manquer : louper le coche, manquer le coche. Il y a là une liberté lexicale, même si le sens reste opaque dans les trois cas. Les variantes sont plus fréquentes que le figement total, comme on peut le constater d’après les recensements systématiques qui ont été opérés sur les noms (M. Mathieu-Colas, P.-A. Buvet)”.

S. Mejri (2014, 188) : “Ce qui est vrai du lexique en général l’est aussi pour les unités phraséologiques, qu’il s’agisse de séquences figées ou de collocations. Les phraséologismes partagent tous les types de variation avec les autres unités lexicales. Elles s’en distinguent, de par leur nature syntagmatique, par leur capacité à créer, par le biais de leurs composants, des paradigmes qui donnent lieu à des variantes des mêmes séquences… De telles variantes sont loin d’être l’exception. Plusieurs études s’appuient sur l’extrême abondance de telles variations pour remettre en question le caractère figé de ces séquences (cf. par exemple J.-A. Anscombre, 2008)”.

I. Penadés Martines (2014, 66-68) underlines the marked/unmarked character of many expressions: “ ...de este modo, no marcadose utilizará para indicar un uso neutro de una variante, es decir, que la variante o las variantes fraseológicas en cuestión pueden aparecer indistintamente en una gran diversidad de contextos... Por el contrario, marcadoseñalará que una variante fraseológica es propia de alguna sincronía o estado de lengua, de una determinada diatopía, específica de hablantes caracterizados por alguna variable social o en particular de alguna situación comunicativa o de una modalidad de lengua”.

 

In this issue of the journal, we wish to deal in depth with the different cases of variation(s) and linguistic(s) creation(s) and extralinguistic(s) phraseology(s) that occur in a language, including case of geographical variations.

 

We are then inviting proposals for papers presenting innovative research on the area of:

  • Phraseology and Contrastive Phraseology 
  • Phraseology and Corpus Linguistics
  • Phraseology in Discourse
  • Phraseology and foreign language
  • Varieties (geographical, sociological, historical…) 
  • Variations (lexical, morphological, syntactical…)

 

Authors of the proposal:

Grezka, Aude (CNRS/Université Paris 13, Laboratoire LIPN, France)

Mogorrón, Pedro (Universidad de Alicante, Spain)

 

Scientific committe:

Anscombre, Jean-Claude (CNRS)

Blanco Escoda, Xavier (Universitat Autònoma de Barcelona, Spain)

Catena, Angels (Universitat Autònoma de Barcelona, Spain)

Colson, Jean-Pierre (Université Catholique de Louvain, Belgium)

Corpas Pastor, Gloria (Universidad de Málaga, Spain)

Cuadrado Rey, Analía (Universidad de Alicante, Spain)

Dugas, André (Université du Québec, Canada)

González Rey, Mª Isabel (Universidad de Santiago de Compostela, Spain)

Grezka, Aude (CNRS/Université Paris 13, Laboratoire LIPN, France)

Le Poder, Évelyne (Universidad de Granada, Spain)

Masseau, Paola (Universidad de Alicante, Spain)

Mogorrón Huerta, Pedro (Universidad de Alicante, Spain)

Navarro Brotons, Maria Lucia (Universidad de Alicante, Spain)

Navarro Domínguez, Fernando (Universidad de Alicante, Spain)

Oddo, Alexandra (Université Paris Nanterre, France)

Ortiz Álvarez, M.L (Universidad de Brasilia, Brasil)

Penadés, Inmaculada (Universidad de Alcalá, Spain)

Poirier, Éric (Université des trois rivières, Canada)

Rico Suslayes, Antonio (Universidad de las Américas Puebla, Puebla México)

Ruiz Gurillo, Leonor (Universidad de Alicante, Spain)

Sevilla Muñoz, Julia (Universidad Complutense de Madrid, Spain)

Suárez de la Torre, Mercedes (Universidad de Manizales, Colombia)

Wotjak, Gerd (Universität Leipzig, Germany)

 

Schedule:

Public call for papers: 15thMay 2019

Submission of papers: 1thJanuary 2020

Notification to authors: 1thMarch 2020

Final version of papers: 1hAugust 2020

Publication: October 2020

 

Language:

Manuscripts must be submitted in English or in French.

 

Reviewing procedure:

The guest editors of the volume will ensure that each contribution will be anonymously reviewed by at least two members of the scientific committee. 

 

Send papers to:

grezka@lipn.univ-paris13.fr

pedro.mogorron@ua.es

 

 

 

[1]« Il faudra attendre en vérité le XVIIIe siècle et le développement des sciences pour voir apparaître “la variation du langage” signalé par Littré à travers une citation tiré de Condillac, “l’art de raisonner a suivi toutes les variations du langage…».(Pruvost, 2014, 10).

 

[2]« Les sociolinguistes, la saisissent en parlant de variétés pour désigner différentes façons de parler, de variation pour les phénomènes diversifiés en synchronie, et de changement pour la dynamique en diachronie; et ce, à la fois pour les productions d’un individu, d’un groupe ou d’une communauté » (Gadet, 2007, 13).

[3]“Les sociolinguistes, la saisissent en parlant de variétés pour désigner différentes façons de parler, de variation pour les phénomènes diversifiés en synchronie, et de changement pour la dynamique en diachronie ; et ce, à la fois pour les productions d’un individu, d’un groupe ou d’une communauté”(Gadet, 2007, 13).