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Boris de Schlœzer, un intellectuel européen.Le philosophe, le traducteur, le musicologue, le critique (Rennes)

Boris de Schlœzer, un intellectuel européen.Le philosophe, le traducteur, le musicologue, le critique (Rennes)

Publié le par Marc Escola (Source : pierre-henry Frangne)

Boris de Schlœzer, un intellectuel européen

le philosophe, le traducteur, le musicologue, le critique

Colloque International

Université Rennes 2, les 5-7 avril 2018

 

Comité scientifique :

Michel Duchesneau (Université de Montréal), Valérie Dufour (FNRS, ULB, Bruxelles), Christine Esclapez (Université d’Aix), Pierre-Henry Frangne (Université Rennes 2),

Gun-Britt Kohler (Universität Oldenburg), Jerrold Levinson (University of Maryland), Timothée Picard (Université Rennes, 2), Olivier Salazar-Ferrer (University of Glasgow), Bernard Sève (Université de Lille), Tatiana Victoroff (Université de Strasbourg)

Organisateurs du colloque :

Pierre-Henry Frangne (Université Rennes 2), Bernard Sève (Université de Lille)

 

Boris de Schlœzer (1881-1969) n’a pas, jusqu’à présent, retenu autant qu’il le mérite l’attention des chercheurs.  Né d’un père russe et d’une mère belge, beau-frère du compositeur Alexandre Scriabine, émigré en France en 1921, auteur d’une œuvre considérable et multiforme, Boris de Schlœzer est une figure typique d’intellectuel européen. Il est aujourd’hui principalement connu comme l’auteur de l’Introduction à J.-S. Bach et comme traducteur des grands romanciers et dramaturges russes ; mais ce n’est là qu’une partie de son œuvre et de son activité. Les Presses Universitaires de Rennes ont entrepris la réédition de ses textes de théorie et de critique musicale les plus importants, quatre volumes (sur cinq prévus) ont déjà paru. Le moment paraît aujourd’hui venu d’envisager sous toutes ses facettes la personnalité et les travaux de Boris de Schlœzer. Le colloque « Boris de Schlœzer, un intellectuel européen ; le philosophe, le traducteur, le musicologue, le critique » ne sera donc pas exclusivement centré sur les textes les plus connus et étudiés de l’œuvre de Boris de Schlœzer (ses livres et articles sur la musique), son ambition est d’envisager l’ensemble de sa production intellectuelle. Il ne s’agit pas d’écarter les textes portant sur la musique, mais de les relire dans un contexte intellectuel et historique plus exigeant, pour, peut-être, leur reconnaître des significations nouvelles, et plus riches.

Six thèmes sont proposés aux intervenants :

- « Boris de Schlœzer, un intellectuel européen ». Ce thème propose une approche biographique, centrée moins sur la vie personnelle de Schlœzer que sur le tissu très riche de ses relations amicales, musicales et intellectuelles. Une place pourrait être faite à la discrète figure de sa nièce Marina Scriabine (1911-1998), musicologue, avec qui il publia Problèmes de la musique moderne (1959) et entretint un dialogue constant. On envisagera les relations de Boris de Schlœzer avec des musiciens comme Stravinsky ou des musicologues comme André Souris, avec des critiques comme Georges Poulet et des écrivains comme Yves Bonnefoy, sans oublier bien sûr Léon Chestov. Boris de Schlœzer représente par ailleurs une figure sans doute typique de l’intellectuel russe en exil parisien dans les années d’entre deux guerres : les liens de Boris de Schlœzer avec l’émigration russe demanderaient à être pris en compte, comme, s’il est possible, ses positions politiques et religieuses.

- « Boris de Schlœzer traducteur, critique littéraire et écrivain ». Boris de Schlœzer a traduit non seulement de nombreux romans et nouvelles de Bounine, Dostoïevski, Gogol, Lermontov, Leskov, Tchekhov, Tolstoï, mais également ce livre inclassable qu’est Athènes et Jérusalem de Léon Chestov. Il a consacré une monographie à Gogol (Plon, 1932, entièrement réécrite pour la réédition, posthume, de 1972), et participé à l’important Colloque de Cerisy sur « Les Chemins actuels de la critique » (1966). Il a, ce qui est moins connu, écrit différents textes de fiction. Également éditeur, Boris de Schlœzer dirigea à partir de 1926 la collection « Jeunes Russes » chez Gallimard (15 titres parus, notamment deux livres d’Ilya Ehrenbourg), consacrée à des écrivains russes post-révolutionnaires (mais non pas anti-soviétiques). Que les traductions de Boris de Schlœzer soient aujourd’hui discutées, voire « dépassées » par les nouvelles traductions proposées ces dernières années, ne rend que plus nécessaire la réflexion sur son travail de traducteur et, plus généralement, de « passeur » de la littérature, de la culture et de la musique russe en France.

- « Boris de Schlœzer et ses correspondants ». La correspondance de Boris de Schlœzer est encore très peu explorée et étudiée. Une partie d’entre elle a été léguée par sa nièce Marina Scriabine à la Médiathèque de Monaco (bibliothèque Louis Notari), mais de nombreuses lettres se trouvent dispersées dans différentes collections publiques ou privées (ainsi deux lettres à Éric Weil sont déposées au Centre Éric Weil de l’Université de Lille, ou six lettres à Léon Chestov à la Bibliothèque de la Sorbonne). Une partie de cette correspondance est rédigée en langue russe. Le colloque sera l’occasion de mettre en lumière l’importance documentaire, culturelle et intellectuelle de ces différentes correspondances. Il ne s’agira pas seulement de lister et décrire les correspondances les plus marquantes, mais de mettre en lumière la dimension dialogique de la pensée de Boris de Schlœzer, et la façon dont elle s’est construite dans les échanges (parfois polémiques, toujours vigoureux) dont ces correspondances portent témoignage. Il peut être fructueux d’envisager la correspondance de Boris de Schlœzer comme un laboratoire de sa pensée théorique.

- « Boris de Schlœzer, penseur de la musique moderne ». Il s’agit de la dimension la plus connue de l’œuvre de Boris de Schlœzer. À la lumière des récentes rééditions, par les P.U.R., des textes essentiels, il s’agira de proposer de nouvelles lectures des écrits théoriques consacrés à la musique. Les axes de réflexion pourraient concerner (1) les liens de la pensée musicale de Boris de Schlœzer avec les différents courants philosophiques de son temps (notamment la phénoménologie) ; (2) l’articulation entre le très important travail de critique musicale et l’élaboration théorique fondamentale proposés par Boris de Schlœzer ; (3) l’enracinement des positions d’écoute et de conceptualisation de Boris de Schlœzer dans un choix jamais démenti en faveur de la musique, ou plutôt des musiques, de son temps, et dans son refus constant du privilège « culturel » accordé à la musique du passé.

- « Boris de Schlœzer et la philosophie ». Savoir si Boris de Schlœzer est ou non « un philosophe » est une question de peu d’importance ; mais il est assurément un penseur marqué par la philosophie, la linguistique et les sciences sociales de son temps. Il connaissait les linguistes russes, il a peut-être lu Roman Ingarden, il s’intéresse de manière critique à Sartre et à la phénoménologie, ainsi qu’à la psychologie expérimentale (Paul Fraisse). Dans la question aujourd’hui identifiée comme celle de l’ontologie de l’œuvre d’art, il soutient des thèses résolument réalistes et intellectualistes. Sur tous ces points, dont la liste n’est pas exhaustive, le colloque doit permettre de mieux éclairer l’engagement et les effets philosophiques de la pensée de Schlœzer.

- « Boris de Schlœzer pour aujourd’hui et pour demain ». Les textes vieillissent de façon inégale, plutôt de par leur contenu et leur teneur que par le genre littéraire dont ils relèvent (une lettre privée, datée par nature, peut « vieillir » beaucoup moins qu’un texte théorique fondamental). Si certains des textes et des traductions de Boris de Schlœzer peuvent avoir vieilli, d’autres recèlent un potentiel de pensée et d’élucidation que le colloque aura également pour but de mettre en lumière. Traduction et transmission, ouverture au futur, amour du présent, exigence de rigueur et refus des cloisonnements disciplinaires : les valeurs de Boris de Schlœzer ne sont-elles pas les nôtres ?

 

Écrire à :

Pierre-Henry Frangne : pierre-henry.frangne@univ-rennes2.fr

Bernard Sève : bernard.seve@wanadoo.fr

Les propositions  — une demi-page à une page accompagnée d’une courte présentation bio-bibliographique — sont à envoyer avant le 31 octobre 2017.