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Barbara en scène(s)

Barbara en scène(s)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Catherine Douzou)

Université François-Rabelais de Tours

Le laboratoire de recherches Interactions Culturelles et Discursives (U.F.R. Lettres et Langues)

organise à Tours et à Paris les mercredi 29, jeudi 30 novembre et vendredi 1 décembre 2017,

à l’occasion du 20ème anniversaire de la disparition de l’artiste,

le premier colloque universitaire consacré à Barbara sous le titre :  Barbara en scène(s).

 

Aux journalistes qui, la statufiant presque de son vivant, lui demandaient de définir sa place dans le paysage et l’histoire de la chanson française, Barbara répondait avec force : « Je suis une femme qui chante ». Complexée par ce qu’elle prétendait être son inculture, son manque d’imagination, son incapacité à écrire correctement, elle ne s’est en effet jamais reconnue dans le portrait de « chanteuse intellectuelle » issue des cabarets de la rive gauche qu’on dressait d’elle – non plus que dans les clichés dans lesquels on n’a eu de cesse de l’enfermer : dame brune, aigle noir, chanteuse sombre et solitaire, etc. – , refusant le titre de poète au motif que ses chansons ne soutenaient pas la lecture, ne tenaient que par la mélodie et n’avaient de sens qu’interprétées sur scène, « accouchées » par le public. Derrière la banalité de la formule « une femme qui chante » se dégage donc un message puissant, sorte de profession de foi de ce que doit être selon elle une artiste de variété : une femme en acte, et la chanson : un art de la performance. Or, ce message rejoint les perspectives d’étude ouvertes ces dernières années par la cantologie (fondée par Stéphane Hirschi) qui « considèr[e] l’œuvre chanson globalement, comme une rencontre entre un texte, une musique et une interprétation[1] ». Nourri de ces perspectives, ce premier colloque universitaire consacré à Barbara se propose d’analyser le rapport de la chanteuse à la scène, sa manière de s’y préparer et de s’y produire, pour mieux comprendre la singularité de sa démarche et de son parcours artistiques.

Axes de réflexion

Dans une perspective essentiellement sémiologique, pragmatique, cantologique, artistique et esthétique, on abordera quatre champs principaux d’analyses :

1°) La diversité des lieux dans lesquels Barbara se produit au cours de sa carrière, diversité qui permet de mieux cerner le rapport qu’elle entretient avec la scène et le public :

  • les cabarets (1954-1964) : les premières expériences en Belgique, le succès rencontré à L’Écluse à Paris ;
  • les salles (1961-1978) de music-hall : Bobino, l’Olympia ;
  • les théâtres (1987-1993) : Mogador, Châtelet + le cas particulier de Barbara comédienne au Théâtre de la Renaissance, tenant le rôle-titre dans Madame, pièce de Remo Forlani (1970) ;
  • les scènes insolites (années 1980) : le cirque de Pantin, les hôpitaux, les prisons ;
  • le « hors-scène » : la loge de Barbara, Barbara dans les coulisses ;
  • la scène « privée » : la Grange-aux-loups, atelier situé dans une dépendance de sa propriété de Précy-sur-Marne, dans lequel elle conçoit et répète ses spectacles avec ses musiciens ;
  • Barbara sur la scène « médiatique » : Barbara et la presse, Barbara à la radio et à la télévision, les campagnes promotionnelles de ses spectacles.

2°) La genèse, le déroulement et la réception par le public et les médias des concerts les plus marquants de Barbara, ceux qui constituent des étapes-clés dans sa carrière :

  • 1963 : la révélation au grand public sur la scène du Théâtre des Capucines (création de la chanson Nantes) ;
  • 1964 : les concerts donnés au Junges Theater de Göttingen ;
  • 1965-1966 : la reconnaissance et le succès à Bobino (création de la chanson Ma Plus belle histoire d’amour) ;
  • 1968 : la conquête de l’Olympia ;
  • 1981 : Pantin ;
  • 1986 : le spectacle musical Lily Passion avec Gérard Depardieu sur la scène du Zénith à Paris ;
  • 1994 : le dernier concert à Tours.

3°) La « méthode » avec laquelle Barbara élabore et prépare ses spectacles :

  • l’architecture musicale : le choix et l’ordre des chansons, la création de chansons jamais enregistrées en studio, l’écriture des arrangements musicaux, l’accompagnement des musiciens ;
  • les éléments de scénographie : éclairages et jeux de lumières, costumes, accessoires (le rocking-chair), disposition du piano, rideau, fond de scène ;
  • les répétitions.

4°) La performance de Barbara en scène, son jeu de scène :

  • l’interprétation des chansons, la voix de Barbara ;
  • les éléments de mise en scène, le corps de Barbara : l’entrée en scène, la gestuelle, la théâtralité barbaresque, la relation avec le piano, la sortie de scène, les rappels ;
  • la relation avec le public : relation placée à la fois sous le signe de l’affectif, de l’intime (la chanson comme dialogue, comme conversation, et surtout comme acte d’amour) et du sacré (la chanson comme mission religieuse, les éléments de rituel, la ferveur du public) ;
  • l’influence, l’impact de Barbara sur les artistes de la nouvelle scène française (« l’héritage barbaresque »).

Organisation du colloque

Mercredi 29 novembre 2017 : ouverture du colloque à Tours par Emmanuel Lesigne, vice-président Recherches de l’Université François-Rabelais ; communications suivies d’échanges avec le public.

Jeudi 30 novembre 2017 : communications suivies d’échanges avec le public.

Vendredi 1 décembre 2017 : déplacement à Paris pour la visite en matinée de l’exposition consacrée à Barbara à la Philharmonie ; tables rondes dans l’après-midi dans le prolongement de l’exposition.

Comité scientifique

Bruno Blanckeman, Université de la Sorbonne-Nouvelle.

Catherine Douzou, Université François-Rabelais de Tours.

Joël July, Université d’Aix-Marseille.

Stéphane Hirschi, Université de Valenciennes.

Robert Horville, Université de Lille.

Sabine Loucif, Hofstra University of New York.

Modalités

Les propositions de sujets de communications (300-500 mots), accompagnées d’une courte notice bibliographique et d’un titre provisoire sont à adresser à Catherine Douzou d’ici le 31 mars 2017. Le comité scientifique se prononcera sur les propositions retenues avant le 30 avril 2017.

Bibliographie

BARBARA, Il était un piano noir… mémoires interrompus, Paris, Fayard, 1998.

CHAIX, Marie, Barbara, Paris, Meta-Éditions, 2007.

HIRSCHI, Stéphane (sous la direction de), L’Art de la parole vive. Paroles chantées et paroles dites à l’époque contemporaine, Valenciennes, Les Belles Lettres, Presses Universitaires de Valenciennes, 2006.

LEBRUN, Barbara (sous la direction de), Chanson et performance. Mise en scène du corps dans la chanson française et francophone, Paris, L’Harmattan, 2012.

MILLOT, Didier, Barbara. J’ai traversé la scène, Paris, Mille et Une Nuits, 2004.

PAVIS, Patrice, Dictionnaire de la performance et du théâtre contemporain, Paris, Armand Colin, 2014.

SCHLESSER, Gilles, Le Cabaret “Rive Gauche”. De la Rose Rouge au Bateau Ivre, Paris, L’Archipel, 2006.

 

[1] Stéphane Hirschi, Chanson. L’Art de fixer l’air du temps, Valenciennes, Les Belles Lettres, Presses Universitaires de Valenciennes, 2008, p. 25.