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Extraire, réemployer, recomposer. XVIe-XVIIe s. (Caen)

Extraire, réemployer, recomposer. XVIe-XVIIe s. (Caen)

Publié le par Marc Escola (Source : Miriam Speyer)

Colloque organisé à l’Université de Caen Normandie

LASLAR EA 4256

jeudi 14 et vendredi 15 mars 2019

 

Partie d’un tout, la pièce se caractérise par son unité interne donc son autonomie. Elle offre ainsi la possibilité d’être insérée dans un autre tout.

Des critiques travaillant sur des corpus très différents de la première modernité ont attiré notre attention sur la construction d’œuvres littéraires en pièces. On pense notamment à Maurice Laugaa, qui engageait la critique à travailler sur les « formes littéraires » agencées dans L’Astrée (« Structures ou personnages dans L’Astrée », Études françaises, PU de Montréal, vol. 2, 1966), à Jacques Truchet qui caractérisait l’œuvre longue comme un « jeu de construction » incluant des formes brèves (« L’Éventail des genres », Le XVIIe siècle, Berger-Levrault, 1992), à Michel Jeanneret qui a étudié ce qu’il nomme la « structure modulaire » d’œuvres de la Renaissance (« Chantiers de la Renaissance, les variations de l’imprimé au XVIe siècle », Genesis, n°6, 1994) ou encore, récemment, à Christophe Schuwey qui, dans sa thèse, s’est intéressé au recyclage de textes d’œuvre en œuvre qu’effectuait Donneau de Visé, « fripier du Parnasse » (Jean Donneau de Visé, « fripier du Parnasse ». Pratiques et stratégies d’un entrepreneur des lettres au XVIIe siècle. Thèse dirigée par C. Bourqui et G. Forestier et soutenue à Paris IV en juillet 2016).

Ainsi on a relevé des Amadis les belles pièces d’éloquence pour en composer des Trésors, ainsi Madeleine de Scudéry a pu sélectionner des conversations dans ses romans afin de les publier en volumes et l’on a pu extraire des pièces de poésie des romans de madame de Villedieu pour en composer un recueil. Ainsi Honoré d’Urfé a repris dans L’Astrée des poésies qu’il avait publiées auparavant dans des recueils et Jean-Pierre Camus a puisé dans des compilations poétiques des pièces d’auteurs contemporains pour les insérer dans ses romans. Desmarets de Saint-Sorlin, lui, a réemployé dans sa tragi-comédie en prose Erigone des morceaux de dialogue de l’« Histoire de Ptolomée et de la princesse Erigone », une des histoires insérées de son roman Rosane. Donneau de Visé n’a pas hésité à déclarer dans la préface des Nouvelles galantes, comiques et tragiques que son ouvrage contenait des textes de sa plume déjà parus et Charles Beys a estimé important de faire savoir dans l’avertissement de sa Comédie de Chansons qu’après tant de «Comédies de vers faits exprez, ce sera[it] un contentement […] d’en voir une de pièces rapportées ». Phénomène éditorial important à l’époque, les recueils collectifs de poésies se copient, dans un processus de réagencement dont les enjeux sont complexes, pour former, déclarent certains discours liminaires, des œuvres nouvelles.

Voilà, dans des publications de la première modernité, quelques cas d’extraction, de réemploi et de recomposition. Ce colloque visera à approfondir l’analyse de ces cas de figure et, nous l’espérons, permettra aussi de mettre au jour des cas jusqu’à présent ignorés ou très peu connus. Il sera aussi l’occasion de réfléchir à la poétique de ces œuvres en modules et à l’influence du marché de la librairie sur le réemploi de pièces d’œuvre, particulièrement quand des phénomènes de mode engagent les libraires à multiplier les publications.

Les communications pourraient donc notamment porter

  • sur des questions de poétique
  • sur la conception de l’œuvre et de son créateur
  • sur le rôle de la dispositio comme critère de la nouveauté d’une œuvre
  • sur le rapport de la pièce réemployée avec l’œuvre qui la contenait originellement (pillage, hommage…)
  • sur l’incidence du recyclage sur la mise en page et la typographie utilisée pour le texte recyclé
  • sur la présence ou l’absence dans l’œuvre d’indices permettant au lecteur d’identifier la reprise
  • sur le marché de la librairie et les privilèges

Si nous avons envisagé dans cette présentation uniquement des cas de réemploi de textes, des propositions de communication sur les gravures accompagnant ces textes, par exemple, sont aussi bienvenues.

 

Les propositions de communication (en français, 500 mots maximum et accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique) sont à envoyer avant le 15 juin conjointement aux deux organisatrices du colloque :

Marie-Gabrielle Lallemand : marie-gabrielle.lallemand[at]unicaen.fr
Miriam Speyer : miriam.speyer[at]unicaen.fr

  • Responsable :
    Marie-Gabrielle Lallemand, Miriam Speyer (LASLAR EA 4256, Univ. de Caen)
  • Adresse :
    MRSH, Université de Caen