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Représentations de l’étrangère dans les littératures et l’art cinématographique au Maghreb (Bucarest)

Représentations de l’étrangère dans les littératures et l’art cinématographique au Maghreb (Bucarest)

Publié le par Université de Lausanne (Source : CEREFREA Villa Noël)

 

Colloque international

« Représentations de l’étrangère dans les littératures et l’art cinématographique au Maghreb »

8-9 septembre 2017

Université de Bucarest (Roumanie)

 

Le regard européen jeté sur le Maghreb a eu longtemps une tendance réductrice, en parlant de cette aire de civilisation comme d’un tout unitaire, sans tenir compte des spécificités locales et nationales qui ont d’ailleurs fasciné et attiré depuis toujours les Occidentaux. Le Maghreb est un espace pluriel du point du vue géographique, linguistique, historique, économique, social, politique et, d’autant plus, culturel. La colonisation française et l’appartenance à un espace culturel plus vaste qu’on appelle arabo-musulman sont les deux éléments les plus cités quand on pense à ce qui unit les pays du Maghreb. La colonisation a été un événement historique et politique dont dérivent nombre de spécificités de l’espace nord-africain et qui a exercé une influence certaine à tous les niveaux de la société, avec des conséquences qui sont encore visibles. L’emploi de la langue française et le bilinguisme fréquent en sont assurément des manifestations très percutantes. Cette étape historique a été marquée par une sorte de confrontation culturelle qui a opposé deux civilisations et deux visions sur le monde, non pas antagonistes, mais dont les différences ont creusé encore plus profondément dans le sol déjà fragile de la coopération et la cohabitation franco-maghrébine. De quel côté qu’on se situe, l’Autre apparaît comme existence implicite. Si pour les Européens, l’image de l’Autre nord-africain est assez homogène (le colonisé, dominé, l’être exotique, qui doit être civilisé), du côté des Maghrébins on rencontre une image qui semble être polarisée de l’Autre européen, entre la fascination pour la civilisation occidentale et la haine pour un envahisseur qu’il ne fallait pas tolérer. Cette représentation plurivalente de l’Autre est visible dans les œuvres littéraires et artistiques produites dans cette région du monde. La colonisation et, par la suite, les traces qu’elle y a laissées sont des sujets repris, d’une manière ou d’une autre, dans de nombreux écrits et productions cinématographiques du Maghreb, puisque la littérature, tout comme le cinéma, se connectent aux réalités et aux mutations sociales, historiques, culturelles, politiques. L'histoire et les paysages deviennent un matériau pour la fiction qui alors prend le relais et donne à voir, plus ou moins explicitement, des visions sur le monde et sur la vie.

Le colloque se propose d’explorer cette image plurielle de l'identité et de l’altérité, en y alliant en même temps une autre dimension tout aussi importante et passionnante : le genre. Quoi qu’il s’agisse de plusieurs femmes, uniques, nous utilisons dans la description du projet la forme de singulier et nous essayerons de développer et démontrer, à travers le projet, la nécessité d’utiliser la forme de pluriel, à savoir « représentations des femmes ». L’image des femmes dans la littérature et l’art maghrébin n’est pas un sujet d’étude nouveau, les recherches dans ce domaine sont nombreuses et certes complexes. Mais les questions de la femme, de la féminité et du féminisme sont toujours actuelles, politiques tout aussi que polémiques, des deux côtés de la Méditerranée. Le contexte socio-politique actuel a conduit à une mise au-devant de la scène de l’image de la femme arabe, en la montrant quasiment toujours d’un point de vue occidental, les spécificités de son mode de vie étant toujours soumises à une comparaison plus ou moins consciente avec la situation de la femme occidentale. Mais la comparaison fonctionne aussi en sens inverse : voir la femme occidentale dans une perspective maghrébine. Quelle est l’image que les écrivain(e)s et les cinéastes du Maghreb ont pu donner de la féminité occidentale ? Comment ont-ils mélangé ces deux visions : celle sur la femme et celle sur l’Autre ? Car la femme étrangère, souvent européenne mais pas toujours, est en même temps l’Autre. Ce même Autre qui domine, qui colonise, qui veut s’imposer. Une femme qui, dans la plupart des cas, n’a pas besoin d’être sous tutelle, indépendante et libre, à l’opposé de la vision orientale, plus contraignante. Il nous semble aussi intéressant de voir comment les femmes maghrébines qui ont vécu la colonisation et le bouleversement auquel elle a donné lieu, notamment sur le plan culturel, ont migré entre la culture d’origine et celle de l’Autre, en devenant parfois elles-mêmes des « étrangères », « acculturées », « Autres ». Le projet veut explorer et rendre compte de la manière dont les représentations des femmes étrangères ont évolué, en étudiant des œuvres littéraires et cinématographiques en provenance du Maghreb et en tenant compte de l’époque historique et des circonstances socio-politiques de leur production. Le choix de la littérature et de la cinématographie n’est nullement arbitraire, mais se justifie par le pouvoir de ces deux arts de créer des images et des représentations mentales dans les esprits de leurs lecteurs/spectateurs, ainsi que leur fort ancrage dans la réalité extérieure. Cela conduit à en faire des instruments de création et de diffusion de masse et, en même temps, d’emprunt des représentations dans et de l’imaginaire collectif.

 

Axes :

  • Représentations du corps féminin occidental (question du genre) ;
  • L’altérité occidentale comme objet de fantasme et de passion ;
  • Le détour par l’autre occidentale pour parler de soi-même ;
  • L’étrangère à l’épreuve de l’image cinématographique (visibilité du corps) ;
  • Comparaisons entre les représentations discursives et le regard cinématographique.

 

Les communications peuvent émaner de différents champs disciplinaires (littérature, cinéma, sociologie/anthropologie, etc.), elles n'excèderont pas 20 minutes.

Vos propositions sont à envoyer à Mounira Chatti (mounira.chatti@u-bordeaux-montaigne.fr), Larissa Luica (larissa.luica@villanoel.ro), Simona Necula (simona.necula@villanoel.ro) et Magdalena Malinowska (magdalena.malinowska@us.edu.pl) sous la forme d’un résumé de 300 mots maximum avant le 31 mai 2017. Elles comporteront les informations suivantes : titre de l’intervention, vos nom et prénom, votre statut et/ou l’établissement auquel vous êtes rattaché(e). Elles seront accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique.

 

Comité scientifique :

Mounira Chatti, Professeure, Université Bordeaux Montaigne

Martine Job, Professeure émérite, Université Bordeaux Montaigne

Larissa Luica, Chercheure, CEREFREA Villa Noël, Université de Bucarest

Magdalena Malinowska, Maître de conférences, Université de Silésie à Katowice

Simona Necula, Secrétaire générale, CEREFREA Villa Noël, Université de Bucarest

Mihaela Stanica, Chargée de cours, Université de Bucarest

Dolores Toma, Professeure émérite, Université de Bucarest

Magdalena Zdrada-Cok, Professeure, Université de Silésie à Katowice

 

Comité d’organisation :

Mounira Chatti, Professeure, Université Bordeaux Montaigne

Larissa Luica, Chercheure, CEREFREA Villa Noël, Université de Bucarest

Magdalena Malinowska, Maître de conférences, Université de Silésie à Katowice

Simona Necula, Secrétaire générale, CEREFREA Villa Noël, Université de Bucarest

Magdalena Zdrada-Cok, Professeure, Université de Silésie à Katowice