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Appels à contributions
Politique de la fable contemporaine, 1 :

Politique de la fable contemporaine, 1 : "L'invention de l'Histoire" (Paris 3)

Publié le par Marc Escola (Source : Marjorie Bertin )

Dans le cadre du cycle de recherche

« Politique de la fable contemporaine » #1 « L'invention de l'Histoire »

Une Journée d'Études proposée par le Groupe de recherche sur la poétique du drame moderne et contemporain -

Membre de l'IRET - Institut de Recherche en Études Théâtrales

Université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle

Vendredi 20 octobre 2017 ***

 

Présentation : 

Cette première journée souhaite créer les conditions d'une mise à l'étude collective afin d'ouvrir un cycle de réflexion au long cours. Voilà pourquoi nous souhaitons constituer un groupe actif d’échange et de recherche sur la problématique qui est la nôtre. Pour ce faire et afin d'être au plus proche de ce qu'une « mise à l'étude » signifie, nous souhaitons expérimenter la création d'une bibliothèque partagée.

Partant de la nécessité de remettre en commun des fondamentaux afin d'en rediscuter les principes, ce corpus collectif composé d'extraits de textes choisis par chaque participant donnera lieu à deux temps distincts :

- 10, 11 et 12 Juillet 2017: dans le cadre des journées de l'IRET  en Avignon, un temps (matinée ou après-midi) sera dédié à une mise en voix et en débat par des invités choisis de cette bibliothèque partagée.

- 20 Octobre 2017 : Une Journée d'Études à l'Université Paris 3.

Si vous souhaitez participer à ces premiers temps de travail en commun, nous vous demandons donc de bien vouloir nous faire parvenir un extrait de texte qui vous semble fondamental au regard de la problématique que nous posons et de votre propre communication (texte fictionnel ou théorique au choix).

Votre proposition de communication sera alors accompagnée de cet extrait de texte choisi en prenant soin de nous envoyer l'extrait découpé, titré, et référencé. Une fois votre communication sélectionnée, votre proposition (2000 signes maximum) de texte viendra s'ajouter à notre bibliothèque partagée et sera mise en voix et en débat lors des deux temps cités plus haut.

 

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Appel à communication

Si l'inflation narrative « ruine la crédibilité narrative » (Salmon 20141 ), que reste-t-il, comme se le demandait Walter Benjamin dans « Le Narrateur », de « notre faculté à échanger nos expériences » et comment révéler « ce qu'il y a de réel dans le réel », comme le nommait Pasolini dans Les Cendres de Gramsci ? Si les principes de la fable, comme mise en fiction et transmission du réel, sont dominants dans les usages médiatiques, publicitaires et politiques, comme « communication narrative » et puissance de persuasion, de quelle marge dispose le théâtre pour faire advenir, mettre en jeu ou à distance un « fond commun » en apparence épuisé2? Quel type de fable apparaît ou est en devenir sur les scènes contemporaines, si l'on considère la fable comme ce « fond commun » dans lequel serait puisé un sujet et comme un assemblage d'actions dramatiques ? Jean-Pierre Ryngaert3 souligne combien le caractère de la fable est mobile, selon les époques et les contextes d’écriture dans lesquels il s’inscrit, suggérant en creux la difficulté sinon l’impossibilité de lui donner une définition précise (qui serait donc forcément restrictive). Pourtant, et peut-être de par cette mobilité, la fabrication de la fable nous interpelle aujourd’hui comme mise en fiction et transmission potentielle du réel. Face à cette confusion entre réel « virtualisé » et fabulation poétique, il semble fécond d'interroger dans un premier temps l'état de la fable contemporaine au regard de la relation qu'elle entretient avec l'Histoire. De l'étude du temps historique à la mutation des formes de « mises en intrigues », le dialogue complexe entre la fable poétique et l'historicité contemporaine semble porteur en tant que possibilité de penser les nouvelles formes de narrativités contemporaines. Comment s'écrit l'Histoire ? Y a-t-il nécessité de fiction ? Dans quel temps historique sommes-nous ? Selon une triple perspective génétique, poétique et politique il s'agira ici d'interroger le rapport que la fable théâtrale - qu'elle soit épopée, drame, satire, performance, documentaire – entretient avec l'Histoire, comme invention, uchronie, utopie, dystopie, et les conditions littéraires et esthétiques de cette relation.

1 Conférence de Christian Salmon, dans le cadre du cycle « Fiction Littéraire contre Storytelling », Labex Obvil, Université Paris-Sorbonne, Maison de la poésie, Paris, Janvier 2014.

2 Jean-Pierre Sarrazac , Fable (crise de la), p. 77, In. Lexique du drame moderne et contemporain, Sous la direction de J-P. Sarrazac, assisté de C. Naugrette, H. Kuntz, M. Losco et D. Lescot. Circé/Poche, 2010.

3 Jean-Pierre Ryngaert, Introduction à l’analyse du Théâtre, Paris, Bordas 1991.

Il est recommandé d’élaborer une réflexion de matériaux artistiques. Les propositions devront s'inscrire dans l'un des deux axes suivants :

1. Production de la fable

Si l'on considère la fable dans l'ambivalence de ses deux acceptions : 1. Comme matériau antérieur à la composition, 2. Comme structure narrative de l'histoire (Pavis, 20044 ), ses mécanismes de production sont à interroger, dans une société où, comme le formule Jean-Pierre Sarrazac, « les mythes, l'oralité paraissent épuisés et où la réserve de faits mémorables semble au plus bas? » 5 .

C'est donc ce fond a priori commun et mythique dans lequel serait puisé un sujet et l'agencement des actions qui façonnent la fable, qu'il s'agit ici de mettre en perspective et en dialogue afin de voir apparaître - grâce à l'étude de ses aspects formels et de ses mécanismes de production - les « conditions sociales de production et d'utilisation de la langue » (Bourdieu)6 , dans les dispositifs dramatiques et esthétiques d'écriture. De son effacement narratif à sa « fabuleuse » apparition, des usages documentaires à la ré-écriture fictionnelle de l'Histoire, des écritures collectives à la comparution de témoins, quels sont les dispositifs narratifs à l'oeuvre dans la production et la composition de la fable contemporaine et quelle expérience collective et critique cela suppose ? Comment, le temps historique et le temps « rituel » du théâtre se rencontrent, entrent en conflit voire se confondent ? L'écriture de la fable est-elle soumise à un délai historique dans le traitement des faits ? Y a-t-il une éthique du délai ou la possibilité d'une chronique dans un temps dit réel ? Si nous nous situons dans « une trêve de l'histoire » comme nous le dit Alain Badiou7 , dans un « monde intervallaire », en quoi la fable, comme fiction et comme agencement causal, peut laisser entrevoir un devenir historique, un réel qui advient, cet impossible du réel qui pourrait alors exister ?

2. Théâtre et Histoire

Si certains ont annoncé la fin de l'Histoire (Fukuyama), ou la fin des temps héroïques et sans céder à priori à cette logique d'interruption, il est utile de s'interroger sur le paradigme idéologique de la rupture qui sous tend le champ de la fabrique de l'Histoire. Comment donc les écritures contemporaines s’approprient ou s'émancipent-elles des « faits sociaux et historiques» ? Qu’en est-il aujourd’hui du mythe au théâtre, qu’il soit théogonique, cosmogonique, étiologique, mythe eschatologique ou moral ? Que traduit la représentation ou réécriture d’un fait historique et que construit-elle au sein de notre société ? Qu’en est-il des spectacles contemporains qui pour reprendre l’expression de Michel Vinaver se situent dans une « navette mythique », c’est-à-dire qui effectuent « un va-et-vient entre l’actualité (ce territoire indistinct, morcelé, sans repère) et l’ordre du monde tel qu’il est dit dans les mythes anciens8»

4 Pavis, Patrice, « Fable », In. Dictionnaire du théâtre, Armand Colin, 2004.

5 Jean-Pierre Sarrazac , Fable (crise de la), p. 77, In. Lexique du drame moderne et contemporain, Sous la direction de J-P. Sarrazac, assisté de C. Naugrette, H. Kuntz, M. Losco et D. Lescot. Circé/Poche, 2010.

6 Pierre Bourdieu, Ce que parler veut dire - l'économie des échanges linguistiques, Editions Fayard 1982.

7 Alain Badiou, A la recherche du réel perdu, Fayard, 2015. 

88 Michel Vinaver, Mémoire sur mes travaux, Ecrits sur le théâtre 2, Paris, l’Arche, 1998, p. 67-71.

Quel type d’Imago Mundi (Maquette du monde), comme le nomme Mircea Eliade, cela convoque? Sommes-nous dans la commémoration, au sens où l’entend Pierre Nora lorsqu’il dénonce « l’obsession commémorative » dans Les Lieux de mémoire9 où il souligne que les commémorations deviennent parfois plus importantes que les événements eux-mêmes ? Ou s’agit-il de recréation, « re-enactment » ? La structure mythique peutelle servir encore de repère au spectateur?

9 Nora, Pierre (1992), Les Lieux de mémoire, T. 3, Les France, 3. De l’archive à l’emblème, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des idées », p. 4687.

Modalités de participation

Les propositions (titre, résumé en français de 2000 signes) ainsi qu’une brève notice bio-bibliographique sont à envoyer par mail en format.doc ou. pdf jusqu’au 30 avril 2017, à l’adresse suivante : lafable2017@gmail.com

Après la sélection, les candidats recevront une notification avant le 30 juin 2017.

Marjorie Bertin et Caroline Masini.