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Discours d’Europe, discours sur l’Europe. Peurs anciennes et actuelles

Discours d’Europe, discours sur l’Europe. Peurs anciennes et actuelles

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Paola Cattani)

Appel à communication

Discours d’Europe, discours sur l’Europe. Peurs anciennes et actuelles

Discourses of and on Europe. About old and new fears…

Turin, 26-27 Octobre 2017

A l’initiative du Centro Studi sull’Europa (TO-EU) -Dipartimento di Culture, Politica e Societ. (Université de Turin), Soutenu par l’Observatoire des discours d’Europe Université de Franche-Comté), l’Université libre de Bruxelles (Cevipol, Graid et Resic), le Dipartimento di Scienze Economico-Sociali e Matematico-Statistiche – Sez. Lingue Straniere (Université de Turin), le Dipartimento di Lingue e Letterature Straniere e Culture Moderne (Université de Turin), Le Dipartimento di Scienze della Mediazione linguistica e di Studi interculturali de l’Université de Milan)

Le thème de la peur et ses liens avec la sphère politique n’est pas nouveau dans les études menées au sein du champ scientifique et il existe déjà de nombreuses analyses qui l’ont abordé à partir d’angles différents. Il suffit de citer les recherches célèbres de Delumeau (1978, 1984…), de Shklar (1989), de Berchtold et de Porret (1994) sans oublier les travaux récents de Robin (2004), de Bucheron et Robin (2015), et de Wodak (2015), par exemple. Il est pourtant clair que ces dernières années l’on assiste à un déploiement important de ce thème, notamment en Europe, où il semble traverser sans cesse le débat public et politique actuel. Des illustrations diverses de peurs collectives sont données à voir avec de plus en plus d’intensité et de fréquences dans les médias. Ces peurs nourrissent notamment des réflexions et des polémiques autour des valeurs européennes, des frontières de l’Europe, ainsi que sur la capacité du projet européen de faire face aux défis de la mondialisation. L’On entend parler ainsi souvent d’une Europe qui est en guerre non seulement à l’extérieur de ses frontières mais aussi à l’intérieur, où des peurs anciennes sont réactualisées (comme la pauvreté, la précarité, la peur de « l’autre », l’apparition de nouvelles maladies (SIDA, Ebola), la fin apocalyptique de l’humanité…) tandis que de nouvelles peurs sont pointées du doigt (comme le terrorisme, l’intégrisme religieux, le réchauffement climatique et ses conséquences sur la planète, l’impact de « progrès techniques » sur la santé publique (pollutions, OGM, wifi, nucléaire, nanotechnologie), l’ambivalence des genres sexuels,…), ce qui renforce le sentiment général d’insécurité et d’incertitude quant à l’avenir de l’humanité et la possibilité d’instituer des sociétés viables. Plusieurs publications récentes insistent justement sur ces aspects non seulement dans le domaine littéraire et des sciences humaines (Houllebecq, Soumission 2015), mais aussi dans les domaines de l’économie, de la politique et du journalisme (Fürstenberg 2007, Tremonti 2009, Garton Ash & Franceschini 2013).

Ce prochain événement scientifique prolonge la réflexion commune que le réseau de l’Observatoire des discours sur l’Europe (http://disceurope.hypotheses.org/) a déjà entamée sur les notions de contre-discours (Besançon, 2013) et de polémique (Bruxelles, 2015). Il vise à élargir le cercle de partage des études sur les productions discursives ainsi que les disciplines représentées : communication politique, économie, histoire (moderne, contemporaine, des idées), journalisme, philosophie, sciences politiques, sociolinguistique, sociologie.

Ce colloque interdisciplinaire entend retracer les mécanismes de production et d’utilisation de la peur, entendue comme un phénomène collectif (Lefebvre 1932, Delumeau 1978), et envisage l’étude du lexique des peurs européennes afin de comprendre quelles sont les transformations et les éléments de continuité des peurs anciennes et nouvelles, ainsi que la transformation de leurs représentations et des imaginaires qui leur sont rattachés.

Les propositions se pencheront notamment sur :

 

a) la présence éventuelle de peurs spécifiques qui sont liées à l’histoire européenne et aux facteurs politiques, religieux et sociaux qui ont joué un rôle fondamental dans la construction de l’Europe contemporaine ;

 

b) l’identification des tournants événementiels et/ou discursifs qui ont produit des changements dans les discours, les images et les lexiques de la peur depuis le XVIIIe siècle dans le contexte européen ;

 

c) l’étude des mécanismes de production de la peur, ainsi que des façons de la propager, les stratégies énonciatives des acteurs et les contenus qui leur permettent de la circuler et de la répandre ;

 

d) l’analyse de la manière dont les peurs anciennes (entre autres la peur de la mort, la menace des maladies, les craintes liées à la pauvreté ou à l’insécurité, la peur de l’étranger) se sont renouvelées et même renforcées dans le contexte actuel de mondialisation.

 

Afin de répondre à ces nombreuses questions, nous privilégierons les propositions qui présenteront des études de cas ou de corpus précis depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, dans un cadre général restreint à l’Europe. L’approche diachronique est particulièrement souhaitée. Les méthodologies pourront varier, tout en privilégiant l’analyse du discours, ou mieux les Critical Discourse Studies (van Dijk 2013 : 1), comme approche interprétative qui permet la rencontre interdisciplinaire.    

 

Quelques repères bibliographiques

Berchtold, Jacques, Porret, Michel (éds.) (1994). La peur au XVIIIème siècle. Genève: Droz.

Breton, Philippe (2000). La Parole manipulée. Paris: La Découverte.

Bucheron, Patrick, Robin, Corey (2015), Les exercices de la peur. Usages politique d’une émotion. Lyon : PUL.

Delumeau, Jean (1978). La peur en Occident (XIVe-XVIIe siècles). Une cité assiégée. Paris : Fayard.

– (1984). Le péché et la peur. La culpabilisation en Occident (XIIIe-XVIIIe siècles). Paris : Fayard.

Duez, Denis (2008) “L’Europe et les clandestins : la peur de l’autre comme facteur d’intégration ?”. Politiques européennes, n°26, pp. 97-119.

Fürstenberg, Nina Zu (2007), Chi ha paura di Tariq Ramadan? L’Europa di fronte al riformismo islamico. Venise : Marsilio.

Geremek, Bronislaw, Picht, Robert (éds.) (2007). Visions d’Europe. Paris: Odile Jacob.

Garton Ash, Timothy, Franceschini, Enrico (2013). Perché diventare europei fa paura ai cittadini dell’Europa? La Repubblica delle idee.

Guilhaumou, Jacques (2006). Discours et événement. L’histoire langagière des concepts. Besançon : PUFC.

Micheli, Raphaël (2010). L’émotion argumentée. L’abolition de la peine de mort dans le débat parlementaire français. Paris : Le Cerf.

Plantin, Christian (2011). Les bonnes raisons des émotions. Principes et méthode pour l’étude du discours émotionné. Berne : Peter Lang. 

Rinn, Michael (éd.) (2008). Émotions et discours. L’usage des passions dans la langue. Rennes: Presses universitaires de Rennes.

Robin, Corey (2004). Fear. The History of a Political Idea. Oxford : Oxford University Press.

Shklar, Judith N. (1989). The Liberalism of Fear. Cambridge / London : Harvard University Press.

Tremonti, Giulio (2009). La paura e la speranza. Europa, la crisi globale che si avvicina e la via per superarla. Milan : Mondadori.

van Dijk, Teun A. (2013). News as Discourse. London: Routledge.

Wodak, Ruth (2015). The Politics of Fear. What right-wing populist discourses mean. London : Sage.

 

INFORMATIONS PRATIQUES

Lieu : Université de Turin. Campus Luigi Einaudi (CLE) - Via Lungo Dora Siena 100 (Torino); date : 26-27 octobre 2017

Langues de travail : français et anglais


 

CALENDRIER

Appel à communication : 5 décembre 2016

Retour des projets de communication : 5 mars 2017

Sélection des projets : 15 mai 2017


Retour des textes de communication : 1er octobre 2017

 

FORMAT DU PROJET DE COMMUNICATION

3500-4000 signes (espaces compris) comportant le nom, la discipline, l’Université de rattachement et le courriel du/des auteurs (deux auteurs maximum), le titre de la communication, la description de l’objet de la recherche, la/les méthodes d’analyses mobilisées, la mise en évidence de son inscription dans le thème du colloque, 4-5 textes de bibliographie. Les projets de communication sont à envoyer à toeu@unito.it  

 

COMITÉ D’ORGANISATION

Paolo Caraffini (Université de Turin), Paola Cattani (Université de Milan), Sara Lagi (Université de Turin), Maria Margherita Mattioda (Université de Turin), Paola Paissa (Université de Turin), Rachele Raus (Université de Turin), Giuseppe Sciara (Université de Turin), Francesca Somenzari (Université de Turin).

 

COMITÉ SCIENTIFIQUE INTERNATIONAL

Ruth Amossy (Université de Tel-Aviv), Julien Auboussier (Université de Franche-Comté), Philippe d'Iribarne (CNRS, France), Corinne Gobin (Université Libre de Bruxelles), Marie-Christine Jullion (Université de Milan), Pierre Karila-Cohen (Université de Rennes 2), Coco Norén (Université d’Uppsala), Claire Oger (Université Paris Est-Créteil), Valentine Pricopie (Université de Bucarest), Cécile Robert (Sciences Po Lyon), Luminiţa Roşca (Université de Bucarest), Christina Schäffner (Université d’Aston), Pierre Tilly (Université Catholique de Louvain).

 

Invité-e-s : Jacques Guilhaumou (ENS Lyon); Gianni Silei (Université de Sienne); Ruth Wodak (Université de Lancaster).