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Colloque : "Disparition(s), effacement(s), oubli(s) dans les langues et littératures romanes" (Roumanie)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Georgeta Cislaru)

Disparition(s), effacement(s), oubli(s) dans les langues et littératures romanes

11 - 12 octobre 2019

 

PRÉSENTATION

Des causalités diverses produisent dans le champ des productions langagières et de la recherche, aussi bien littéraire que linguistique, différentes formes d’oubli, de disparition, de perte ou d’effacement.

En linguistique, les disparitions peuvent être envisagées à plusieurs niveaux : d’abord, le changement linguistique implique différentes formes d’effacement ou de perte d’éléments. Ensuite, l’analyse et la description des langues et du langage connaît aussi des formes d’abandon d’un concept ou d’une méthode, dues à la manière dont se construit l’approche d’un phénomène linguistique. Puis, la perte peut être envisagée également dans le champ des productions discursives, sous la forme de l’ellipse ou de l’abandon d’une pratique discursive. Enfin, dans l’acte de traduire, il n’est pas rare de rencontrer des pertes de signification et d’effets stylistiques, car le traducteur peut être amené à renoncer à des éléments textuels ou discursifs.

 En littérature, toute une partie des récits fictionnels actuels, de Christian Garcin jusqu’à Patrick Modiano, mobilise le thème de la disparition en contre-réaction à la sur-visibilité propre au XXIe siècle (Dominique Rabaté, Désirs de disparaître. Une traversée du roman français contemporain, 2015). Contre l’excès de mémoire que la littérature met en œuvre surtout dans les écrits autobiographiques et autofictionnels mais aussi par des mécanismes institutionnels (anthologies et histoires littéraires, canons, rééditions, etc.), l’oubli se présente comme une  pulsion cathartique nécessaire pour amorcer un renouveau.

La disparition, l’effacement et l’oubli constituent des thématiques centrales au niveau des récits littéraires, (Philippe Forest), mais peuvent aussi s’ériger en méthode d’écriture (Georges Perec, Julio Cortázar, Jorge Luis Borges ou Gabriel García Márquez) et véritable poétique (Patrick Modiano) ou comme un topos identitaire censé figurer l’impossibilité de circonscrire le moi (Annie Ernaux, Sylvie Germain, Hervé Guibert, Vassilis Alexakis) menant à une véritable « décréation » (Simone Weil). L’effacement auctorial est chez de nombreux romanciers, surtout depuis les Lumières, une solution ingénieuse pour contourner la censure et déclarer l’autonomie de l’œuvre de même que de la lecture, à mettre souvent en relation avec la pseudonymie, « geste parricide » (Jean Starobinski) et la délégation de la responsabilité créatrice à d’autres figures, y compris les personnages romanesques. Le refus de la médiatisation de l’écrivain et la construction d’une posture en négatif (Maurice Blanchot, Henri Michaux) seraient également des phénomènes à prendre en compte depuis la perspective de l’oubli et de l’effacement.

La critique génétique fournira à son tour un champ d’investigation fertile afin d’envisager par le prisme des choix, des rejets et des censures l’envers même de l’écriture.

Au niveau de l’histoire littéraire également, l’oubli est un phénomène peu étudié, mais qui participe de la constitution des divers canons ou ‘modes’ esthétiques au fil du temps, modifiant la dynamique entre littératures majeures et littératures périphériques, entre archaïsmes et modernismes.

Nous proposons aux chercheurs venant d’horizons variés une réflexion sur les différentes formes de perte et d’oubli en linguistique et en littérature, avec une ouverture possible sur la contrepartie de ce phénomène, à savoir la résurgence d’éléments enfouis, la réutilisation d’un modèle tombé en désuétude, la reprise d’une loi abandonnée, la réapparition d’items ou même le phénomène de l’exaptation.

 

AXES

La réflexion autour de cette problématique pourrait s’inscrire dans les axes suivants, sans exclusivité :

  • disparition de traits phonétiques, morphologiques ou sémantiques ;
  • effacement de catégories de langue ou de catégories d’analyse et de description de langues ;
  • disparition de lexèmes ;
  • disparition de morphèmes ;
  • abandon de concepts et de méthodes ;
  • omissions, ellipses et abandon de pratiques discursives ;
  • formes d’oubli dans l’histoire de la linguistique ;
  • perte d’expressivité dans l’acte de traduction ;
  • exil, oubli et quête identitaire ;
  • époques, périodes littéraires oubliées ;
  • rhétorique et poétique de la disparition et de l’effacement ;
  • oubli et réémergence des littératures et des modèles littéraires ;
  • effacement du romancier et pseudonymie littéraire ;
  • canon littéraire et œuvres en hors-champ.

 

MODALITÉS

Seront privilégiées les approches intéressant deux ou plusieurs langues romanes.

Les langues de travail du colloque sont le français, l’italien, l’espagnol et le portugais.

Nous attendons les propositions de communication sous la forme d’un résumé de 500 mots hors bibliographie, format word, accompagnées d’une notice bio-bibliographique à l’adresse romaniacontexta@gmail.com avant le 31 mars 2019. Après évaluation par le comité scientifique, les propositions retenues seront notifiées aux auteurs avant le 12 mai 2019.

Le colloque aura lieu les 11 et 12 octobre 2019, à la Faculté des Lettres de l’Université Babes-Bolyai, Cluj-Napoca.

Une taxe de participation de 180 lei/40 euros (couvrant les repas et la publication des actes) est à payer sur place, au moment de l’inscription des participants.

 

Comité scientifique :

José Manuel González Calvo (Extremadura, Espagne)

Jukka Havu (Tampere, Finlande)

Marisa Martínez Pérsico (Macerata / Guglielmo Marconi, Italie)

Roberto Antonelli (Accademia dei Lincei, Italie)

Lorenzo Renzi (Padova, Italie)

Luigi Tassoni (Pécs, Hongrie)

Évelyne Thoizet (Université d'Artois, France)

Maria Helena Araújo Carreira (Paris 8 - Saint-Denis, France)

Isabel Margarida Duarte (Porto, Portugal)

Rogélio José Ponce de León Romeo (Porto, Portugal)

Maria de Fátima Marinho (Porto, Portugal)

José Manuel da Costa Esteves (Paris X Nanterre, France)

 

Comité d’organisation :

Monica Fekete – italien

Delia Morar - italien

Anamaria Curea - français

Andrei Lazar - français

Sanda Moraru – espagnol

Luminița Tunsoiu - espagnol

Veronica Manole - portugais