Essai
Nouvelle parution
G-A. Goldschmidt, Un humanisme inabouti. Une piste perdue, le repérage de la conscience de soi en allemagne à la fin du XVIIIe siècle (Karl-Philipp Moritz) et son effacement

G-A. Goldschmidt, Un humanisme inabouti. Une piste perdue, le repérage de la conscience de soi en allemagne à la fin du XVIIIe siècle (Karl-Philipp Moritz) et son effacement

Publié le par Université de Lausanne

Un humanisme inabouti. Une piste perdue, le repérage de la conscience de soi en allemagne à la fin du XVIIIe siècle (Karl-Philipp Moritz) et son effacement

Georges-Arthur Goldschmidt

 

Vrin

Société Française de Philosophie - Bulletin de la Société Française de Philosophie, 2018/1

32 pages 

ISBN 978-2-7116-5087-3

11,00 €

 

PRÉSENTATION

Goethe se trompait rarement sur l’essentiel, pour preuve, il a d’emblée su reconnaître l’importance première de Karl Philipp Moritz (1756-1793), l’un des prédécesseurs méconnus de la psychanalyse. Dans sa revue Magazin zur Erfahrungseelenkunde(Magazine de psychologie par l’expérience, exactement de connaissance de l’âme), Moritz publie, c’est peut-être l’une des premières fois en Europe, en 1791 les descriptions objectives et explicatives de divers troubles mentaux, la confession d’un étudiant homosexuel, le cas d’un paranoïaque, puis dans la même revue l’autobiographie d’un des premiers intellectuels juifs de langue allemande, Salomon Maïmon et surtout de nombreux cas cliniques présentés de façon très moderne.

Mais Moritz fut surtout l’auteur de l’admirable Anton Reiser, en fait l’autobiographie de Moritz lui-même magnifiquement traduit en français par Georges Pauline (Arthème Fayard). Après plus d’un siècle d’oubli, il doit sa redécouverte au grand germaniste français Robert Minder. Anton Reiser : le plus puissant des romans de formation du XVIIIe siècle allemand. On y voit un enfant se « construire » lui-même à travers la détresse, les humiliations et la misère. Il découvre les moyens de sa propre liberté à partir du piétisme dont il retient surtout le pouvoir d’auto-analyse pour arriver par ses propres moyens à la liberté de pensée telle que la concevait Kant dans son célèbre texte. Très proche de Rousseau, qu’il a bien entendu lu, il le prolonge par le travail d’autoinvestigation objectif. Il fait de la subjectivité et de son analyse dans ses manifestations de la honte et de la dénégation de soi des dimensions existentielles. La précision, l’intensité et la nouveauté de la pensée de Moritz auraient pu orienter tout autrement la philosophie allemande et la rendre habitée. Fichte avait commencé à tracer cette voie mais qu’il rend totalement anonyme sous la forme d’un Ich mué en Es politique dont l’aboutissement, comme l’avait prévu Heinrich Heine dans Religion et philosophie en Allemagne, sera l’intégration par Heidegger de la philosophie dans le crime absolu national-socialiste.