Essai
Nouvelle parution
G. Didi-Huberman, Désirer désobéir. Ce qui nous soulève, 1

G. Didi-Huberman, Désirer désobéir. Ce qui nous soulève, 1

Publié le par Université de Lausanne

Compte rendu publié dans Acta fabula (mars 2020, vol. 21, n° 3) : Jessica Rushton, "Désirer, désobéir & rester un sujet visible ?"

 

Georges Didi-Huberman

Désirer désobéir. Ce qui nous soulève, 1


Minuit, 2019

688 p. — ISBN : 9782707345226
 

« Nous avions beaucoup enduré et puis, un jour, nous nous sommes dit que cela ne pouvait plus durer. Nous avions trop longtemps baissé les bras. À nouveau cependant — comme nous avions pu le faire à l’occasion, comme d’autres si souvent l’avaient fait avant nous — nous élevons nos bras au-dessus de nos épaules encore fourbies par l’aliénation, courbées par la douleur, par l’injustice, par l’accablement qui régnaient jusque-là. C’est alors que nous nous relevons : nous projetons nos bras en l’air, en avant. Nous relevons la tête. Nous retrouvons la libre puissance de regarder en face. Nous ouvrons, nous rouvrons la bouche. Nous crions, nous chantons notre désir. Avec nos amis nous discutons de comment faire, nous réfléchissons, nous imaginons, nous avançons, nous agissons, nous inventons. Nous nous sommes soulevés. »

Ce livre est un essai de phénoménologie et d’anthropologie — voire une poétique — des gestes de soulèvement. Il interroge les corps avec la psyché à travers le lien profond, paradoxal, dialectique, qui s’instaure entre le désir et la mémoire. Comme il y a « ce qui nous regarde » par-delà « ce que nous croyons voir », il y aurait peut-être « ce qui nous soulève » par-delà « ce que nous croyons être ». C’est une question posée en amont — ou en dedans — de nos opinions ou actions partisanes : question posée, donc, aux gestes et aux imaginations politiques. Question posée à la puissance de se soulever, même lorsque le pouvoir n’est pas en vue. Cette puissance est indestructible comme le désir lui-même. C’est une puissance de désobéir. Elle est si inventive qu’elle mérite une attention tout à la fois précise (parce que le singulier, en l’espèce, nous dit plus que l’universel) et erratique (parce que les soulèvements surgissent en des temps, en des lieux et à des échelles où on ne les attendait pas).

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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Le soulèvement n’est pas qu’un geste", par Zoé Carle.

Désirer désobéir. Ce qui nous soulève est le premier tome de la nouvelle série de l’historien et critique d’art Georges Didi-Huberman après les six volets de L’œil de l’histoire. Cet opus rassemble une série d’articles écrits entre 2015 et 2017, en amont et en aval de l’exposition Soulèvements qui s’était tenue au Jeu de Paume en 2016. Le programme est à la fois alléchant et ambitieux : un « essai de phénoménologie et d’anthropologie – voire une poétique – des gestes de soulèvement ».