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L'ethos de rupture: de l'Antiquité à nos jours

L'ethos de rupture: de l'Antiquité à nos jours

Publié le par Vincent Ferré (Source : Jordi Pià)

L’ethos de rupture : de l’Antiquité à nos jours

12-13 octobre 2017

Université Paris 3 – Université Paris Est - Créteil

Université Paris Est-Créteil, équipes CEDITEC et LIS

Université Paris 3, équipes CERAM, CIM, IRCAV

 

 

Si l’on cherche à prendre la mesure des bouleversements qui affectent le paysage politique occidental du début du XXIe siècle, l’évolution des modes de présentation de soi chez les dirigeants politiques offre un terrain d’analyse prometteur. Certaines personnalités politiques occidentales cultivent un style radicalement nouveau, précisément pensé pour heurter certaines conventions et signifier ainsi une forme de nouveauté (N. Sarkozy, E. Macron, J.-L. Mélenchon). De façon plus poussée encore, des figures très médiatisées fondent leur popularité sur des comportements qui valent avant tout parce qu’ils prétendent rompre avec l’habitus politique commun (B. Grillo, P. Iglesias Turrión[1], D. Trump, et de manière plus incertaine ou plus ambivalente M. Le Pen). Dans les slogans comme dans les attitudes, c’est bien l’idée de rupture (avec le passé, avec les conventions, avec le « système ») que mettent en avant, comme un argument politique en actes, ces différents acteurs.

Ce colloque se propose de mettre en relation cette construction de la rupture comportementale comme argument politique et le concept aristotélicien et post-aristotélicien d’ethos tel qu’il est reçu dans la tradition rhétorique, la tradition linguistique, celle de l’analyse du discours (D. Maingueneau) et de la Critical Discourse Analysis (N. Fairclough, F.H. Van Eemeren), dans une perspective diachronique choisissant ses objets de l’Antiquité à nos jours. L’enjeu est à la fois de situer historiquement cette prétention à la rupture comportementale dans le temps long (les Cyniques du IVe siècle athénien offrant une sorte de matrice historique du phénomène), et d’en analyser les ressorts précis sur des cas d’étude sélectionnés. On tentera ainsi de répondre, entre autres, aux interrogations suivantes :

  •  quelles stratégies rhétoriques / de communication particulières l’acteur politique « de rupture » déploie-t-il par rapport à celui qui se pose en garant de la conformité ?
  • quels phénomènes de réception particuliers peut-on identifier dans la construction de cette rupture ?
  • l’ethos de rupture implique-t-il la transgression des codes rhétoriques et comportementaux traditionnels ou leur usage masqué et subtil ?
  • l’ethos de rupture s’appuie-t-il sur un programme véritablement nouveau ou sur des idées plus ou moins traditionnelles ?  
  • Y-a-t-il des formes de compromis, d’hybridation entre la rupture et d’autres types de dynamiques contradictoires, par exemple la « banalisation », la professionnalisation etc… ?
  • quelles corrélations peut-on détecter entre cet ethos de rupture et le contexte socioculturel dans lequel il s’inscrit ?
  • existe-t-il une inscription historique du comportement de rupture (appel à des modèles etc.) ?

Le colloque examinera la question dans une perspective transdisciplinaire : il réunira antiquisants, philologues, linguistes, philosophes, politologues, spécialistes de la communication et des arts et médias. Il aura ainsi pour première vocation d’encourager le dialogue entre ces diverses disciplines afin d’esquisser un tableau large de la problématique envisagée, en associant approches analytiques et approches synthétiques. Ce sera aussi l’occasion de faire un premier bilan des dernières campagnes présidentielles (notamment l’élection américaine et l’élection française).

 

Les propositions de communication de 500 mots maximum doivent être adressées, avec une courte biographie et en format word ou rtf, avant le 15 mai 2017 à l’adresse ethosderupture@mailbolt.com.

Les réponses du comité scientifique seront communiquées avant le 15 juin 2017.

 

 

Organisation

Charles Guérin, UPEC – LIS

Jean-Marc Leblanc, UPEC – CEDITEC

Jordi Pià, Paris 3 - CERAM

Guillaume Soulez, Paris 3 - IRCAV

 

Comité scientifique

Ruth Amossy (Tel-Aviv), Claire Blandin (Paris-Nord), Pierre Chiron (UPEC), Christiane Cosme (Paris 3), Jamil Dakhlia (Paris 3), Vincent Ferré (UPEC), Johann Goeken (Strasbourg), Norbert Gutenberg (Sarrebrück), Eric Maigret (Paris 3), Dominique Maingueneau (Paris-Sorbonne), Émilie Née (UPEC), Laurent Perrin (UPEC), Marie-Dominique Popelard (Paris 3).

[1] P. Iglesias se pose en porte-parole de la société civile contre l’élite politique ; il s’affranchit également des codes (vestimentaires, langagiers) traditionnels.