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La famille au Moyen Âge entre normes et pratiques (Lyon)

La famille au Moyen Âge entre normes et pratiques (Lyon)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Deleville)

La famille au Moyen Âge entre normes et pratiques

Appel à communication

Journées d’étude des doctorants du CIHAM

24 et 25 octobre 2019

Ces journées d’étude auront pour ambition d’aborder le thème de la famille dans les sociétés médiévales chrétiennes et musulmanes. Elles porteront sur les décalages qui pouvaient exister à une même époque et dans un espace donné entre les normes et les pratiques associées à la famille. En effet, les modèles normatifs – qu’il s’agisse de règles contraignantes ou de prescriptions morales – établissent une définition dominante du groupe familial qui ne se recoupe pas forcément avec les réalités observées dans les actes de la pratique ou les représentations véhiculées par les sources littéraires.

Incluant tout type de normes, juridiques, morales, religieuses, on se posera la question du rôle de la pratique dans l’élaboration des modèles normatifs familiaux. Dans la sphère juridique, par exemple, l’étude de l’émergence de nouvelles règles à travers l’évolution de la jurisprudence ou la diffusion du droit romain et la confrontation avec d’autres pratiques, pourra montrer comment ces modèles se recomposent. Plus largement on questionnera les mutations des règles morales et religieuses en rapport avec la pratique, comme l’assouplissement de la définition de l’inceste par l’Eglise en réponse à l’endogamie de la haute noblesse.

Le décalage entre normes et pratiques pourra également être étudié à travers les productions culturelles, qu’elles soient littéraires, iconographiques ou emblématiques. On s’intéressera particulièrement à la production littéraire ou artistique, qui peut aussi bien renforcer et fonder un cadre prescriptif que le remettre en cause. Comment les auteurs jouent-ils avec la vision de l’inceste, de la bâtardise, ou au contraire entérinent-t-ils des modèles familiaux plus traditionnels ? Il sera pertinent de rendre compte des diverses modalités de représentation de la famille dans ses rapports avec les normes lorsqu’ils sont, par exemple, moteurs de l’intrigue et ressorts du tragique ou du comique. Plus largement, nous invitons les participants à se pencher sur la représentation de l’affiliation familiale par les systèmes de signes, qu’il s’agisse des enluminures, de la peinture, mais aussi de la généalogie, de l’héraldique ou de l’emblématique. Cela peut permettre de mesurer le conformisme ou l’originalité de la représentation de la famille par elle-même.

L’étude des sources matérielles – architecturales et archéologiques – sera l’occasion d’illustrer un autre aspect des pratiques familiales. Par exemple, les traces de l’organisation spatiale et symbolique de l’habitat ou bien celle des sépultures peuvent renseigner sur l’écart entre les normes et les modes de vie.

Cette discordance permet également d’aborder la famille comme une construction culturelle plurielle, et place au centre de l’analyse les acteurs en questionnant le rapport à la norme conçu comme générateur de stratégies. Ainsi, un des axes principaux de réflexion ouvert par ces journées d’étude sera centré sur la manière dont les individus ou les groupes familiaux appréhendent, interprètent ou contournent les règles morales, religieuses ou juridiques. On pourra examiner comment les stratégies matrimoniales ou successorales entrent en conflit avec les normes les plus répandues telles que les règles d’héritage, la prohibition de l’inceste ou bien la définition d’une parenté légitime (qui suppose a contrario d'interroger la place de la parenté naturelle ou filiation illégitime dans la famille médiévale).

Enfin, seront éminemment appréciées les propositions de communication analysant l’évolution des pratiques familiales dans le contexte d’une pluralité de modèles normatifs, notamment dans les aires de contacts religieux et culturels, par exemple les aires de contact entre l’islam et la chrétienté.

Les propositions de communication, d’une page maximum (résumé et titre de la présentation), accompagnées de renseignements pratiques (statut, situation institutionnelle, domaine de recherche) sont à envoyer au format PDF avant le 3 mai 2019 à l’adresse suivante : cihamjournees@gmail.com.

Organisation : Ronan Capron, Romain Chevalier, Prunelle Deleville, Jérémy Engler, Thomas Girard.

Comité scientifique : Jean-Louis Gaulin, Xavier Hélary, Marylène Possamaï-Perez.