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Colloque : 'La mémoire de la Guerre de Trente Ans dans la littérature et les arts aux xx e et xxi e s.' (Paris-Est Créteil)

Colloque : 'La mémoire de la Guerre de Trente Ans dans la littérature et les arts aux xx e et xxi e s.' (Paris-Est Créteil)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Aleksandra Lévy-Lendzinska)

La mémoire de la Guerre de Trente Ans dans la littérature  et les arts aux xxe et xxie siècles

6-7 décembre 2019, Université Paris-Est Créteil, campus centre

appel pour le 30 juin 2019

Colloque interdisciplinaire organisé par IMAGER (Institut des mondes anglophone, germanique et roman ­– EA 3958 UPEC) et REIGENN (Représentations Et Identités. Espaces Germanique, Nordique et Néerlandophone – EA 3556, Paris Sorbonne)

Considérée comme la première guerre d’ampleur mondiale, en raison du nombre de puissances engagées et de territoires concernés, comme la « guerre des guerres » (selon la formule toute récente de l’historien allemand Johannes Burckhardt), en raison des dommages tant physiques que moraux qu’elle a causés mais aussi de sa pluridimensionalité (guerre de religion, guerre territoriale, hégémonique ou constitu­tion­nelle), la Guerre de Trente Ans (1618-1648) constitue l’un des grands trauma­tismes de l’histoire allemande moderne. Les historiens et plus encore l’opinion publique y voient une « tragédie allemande » (selon le magazine Zeit Geschichte, 2017) quand ce n’est pas la « catastrophe originelle des Allemands » (telle est du moins la formule proposée par le magazine Spiegel Geschichte, 2011).

Riche en événements marquants (la défenestration de Prague, les batailles de la Montagne-Blanche, de Lützen ou de Nördlingen, le sac de Magdebourg, la signature des traités de Westphalie) et en héros parfois ambigus (Wallenstein, Gustav-Adolphe de Suède), le conflit a inspiré de nombreux auteurs et artistes jusqu’à nos jours. Mais si la réception contemporaine de l’événement dans la littérature et les arts (les sonnets d’Andreas Gryphius ou le roman Simplicius Simplicissimus de Grimmelshausen, les gravures de Jacques Callot…) a été largement étudiée, on s’est beaucoup moins intéressé à ses résurgences plus tardives, c’est-à-dire à la constitution et à l’évolution d’une mémoire de l’événement historique à travers la littérature et les arts, elle-même soumise aux fluctuations (politiques, idéologiques, sociales, artistiques) de l’histoire récente.

Les exemples ne manquent pas, pourtant, et il est frappant de constater l’importance prise par ce sujet dès le début du xxe siècle, notamment en littérature dans ses diverses déclinaisons : la scène avec notamment Brecht et sa Mère Courage, la prose avec les œuvres aussi importantes qu’inclassables de Ricarda Huch, d’Alfred Döblin, de Günter Grass ou tout récemment de Daniel Kehlmann, ou encore la littérature de jeunesse jusqu’au fantasy. La mémoire de la Guerre de Trente Ans est également présente dans le domaine de la musique (avec par exemple le Wallenstein de Jaromír Weinberger, créé à Vienne à la veille de l’Anschluss, Friedenstag de Richard Strauss d’après une pièce de Calderón, représenté en 1938 à Munich, ou encore le Simplicissimus de Karl Amadeus Hartmann, trois œuvres où l’aspect intergénérique est particulièrement marqué), du cinéma, avec The Last Valley de James Clavell (1971) ou de la série TV comme Las aventuras del Capitán Alatriste (2015).

On le voit, la représentation aux xxe et xxie siècles de cette « catastrophe européenne » (selon le politologue H. Münkler) ne se limite pas à l’aire germanique, de sorte qu’une perspective transnationale et contrastive, envisageant l’ensemble des aires culturelles concernées (anciens territoires du Saint Empire – Allemagne, Autriche, Europe Centrale –, Pays-Bas, Scandinavie, France, Espagne…) s’impose pour aborder ce phénomène. De même, la géométrie variable des mémoires nationales, régionales et locales s’avère être un moment constitutif de la représentation d’une guerre perçue – tout particulièrement à partir du xxe siècle – comme matricielle.

D’un point de vue chronologique, c’est bien évidemment la mise en parallèle de deux modernités situées dans une très conflictuelle émergence qui retiendra l’attention. Enfin, les analogies, différences et le cas échéant les rapports intertextuels et transfiguratifs entre les approches littéraires et artistiques d’une part et l’approche histo­riographique d’autre part devrait permettre de dégager une vision plus différenciée encore de la manière dont s’est constituée et reconstituée la mémoire de la Guerre de Trente Ans au cours du siècle passé jusqu’à nos jours en tant que souvenir toujours vif de l’un des points d’émergence majeurs de la modernité culturelle et politique contemporaine. En ce sens, ce colloque se situe dans la continuité des manifestations scientifiques qui commémorent actuel­lement les 400 ans du début des hostilités, mais entend apporter un regard original sur cet événement et sonder son impact et ses résonances dans le monde contemporain.

L’objet de ce colloque est dès lors de s’interroger à travers une mise en perspective historique, mais aussi esthétique, voire sociologique sur la / les mémoire(s) de la Guerre de Trente Ans qui se dessinent à travers la production littéraire et artistique des xxe et xxie siècles : qu’en retient-on (événements et figures historiques, « grande histoire » ou aspects « micro­historiques », impact sur les populations, les mentalités, les représentations) ? Dans quels contextes (historiques, politiques, idéologiques, esthétiques) ces évocations tardives de la Guerre de Trente Ans prennent-elles place ? Quel est l’impact des autres conflits mondiaux – la Première Guerre mondiale, dont les commémorations de l’armistice coïncident avec celles de l’événement déclencheur de la Guerre de Trente Ans ; plus encore peut-être la Seconde, posant la question de l’identité allemande et de la reconstruction d’un pays dévasté ; mais aussi l’époque contemporaine, qui recourt au modèle de la Guerre de Trente Ans pour évoquer les conflits actuels ? Comment perçoit-on la Guerre de Trente Ans, qu’en perçoit-on, comment la traite-t-on selon les différentes modalités artistiques retenues ?

Comité organisateur : Daniel Meyer (Université Paris-Est Créteil – IMAGER) et Elisabeth Rothmund (Université Paris-Est Créteil – IMAGER / Sorbonne Université – REIGENN), avec la collaboration d‘Aleksandra Lendzinska (Université Paris-Est Créteil)

Comité scientifique :

  • Thomas Borgstedt, PR, Université de Munich
  • Valérie Carré, PR, Sorbonne Université
  • Achim Geisenhanslüke, PR, Université de Francfort-sur-le-Main
  • Fiona Mcintosh-Varjadedian, PR, Université de Lille
  • Daniel Meyer, PR, Université Paris-Est Créteil
  • Marie-Thérèse Mourey, PR, Sorbonne Université
  • Elisabeth Rothmund, MCF HDR, Université Paris-Est Créteil

Langues de communication : français, allemand, anglais

Une publication des communications est prévue.

Les propositions de 1500 signes environ, accompagnées d’une rapide biographie, sont à envoyer pour le 30 juin 2019 aux adresses suivantes : daniel.meyer@u-pec.fr et      rothmund@u-pec.fr