Actualité
Appels à contributions
Les impressions d'un instant. Les échos croisés de Proust et Woolf (Quaderni proustiani, 2020)

Les impressions d'un instant. Les échos croisés de Proust et Woolf (Quaderni proustiani, 2020)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Davide Vago)

Appel à contributions pour le n. 14 de la revue Quaderni proustiani (2020).
 

Dans son essai Phases of fiction, Virginia Woolf encadre Marcel Proust parmi les écrivains «psychologues» en le définissant «tellement poreux, tellement flexible, voire parfaitement réceptif, que nous ne le sentons que comme un fourreau, fin et néanmoins élastique, s’allongeant toujours davantage et servantnon pas à imposer une opinion, mais à renfermer un univers». Cette affirmation pourrait bien être référée à Woolf elle-même, flexible et réceptive, possédant cette «porosité» d’esprit dont elle parle dans A Room of One’s Own. D’ailleurs, l’adjectif «poreux» pourrait s'étendre au protagoniste de la Recherche qui, grâce à son hyperesthésie, tente de restituer une unité aux rapports hétérogènes qu’il a instaurés avec le monde sensible. Virginia Woolf aussi bien que Marcel Proust cherchent tous les deux à concrétiser les impressions fugitives d’un instant en leur donnant une forme solide, dont font partie intégrante les objets matériels tout comme les espaces physiques. Cette double porosité a été l’objet d’analyses différentes, qui se sont concentrées en particulier sur la réception et les influences de Proust chez Woolf (Painter 1972, Dezon-Jones 1978, Eells 1996, Chelain 2013, Lewis 2008, Wolkenstein 2010), aussi bien que sur l’analyse de la temporalité dans leur prose (Delaplace 2007, Chaudier 2009, Giulietti 2013).

Une autre convergence dans les études concerne les rapports entre écriture et peinture (Leonard 1981, Mares 1989, Godeau 2003), à l’égard de l’esthétique impressionniste et postimpressionniste, aussi bien qu’en relation à la transformation esthétique de la réalité, vue à travers une fenêtre ou des vitraux. Dans la plupart de ces études, les chercheurs ont souligné les correspondances stylistiques existant entre les deux écrivains, leur tension entre l’éphémère et le durable, les aspects les plus intimes de leur écriture aussi bien que la modernité de leur prose (qui détruit toute illusion de linéarité temporelle, par exemple); il faut néanmoins tenir compte, comme S. Chaudier l’a intelligemment montré, de la différence qui existe entre leurs deux postures d’auteur. Beaucoup ont souligné comment Woolf, en se confrontant avec Proust, craignait d’être en retard, ou inférieure, par rapport à l’auteur de la Recherche (Cheilan, Giulietti).

Dans ce tableau, il nous semble manquer une analyse plus approfondie des échos réciproques existant au niveau de la réception des deux écrivains, dans leur pays natal aussi bien qu’en Italie, par exemple. Ces interférences agissent surtout sur – et par le bais – des traductions. En nous inspirant de la méthodologie proposée par Gilles Philippe dans son essai French style (2016), nous voudrions retrouver des échos et des consonances, stylistiques aussi bien que structurelles, dans les traductions de deux écrivains et à partir de celles-ci. Scott-Moncrieff, qui le premier atraduit Proust en anglais, a permis à Woolf et à toute sa génération de découvrir l’auteur de la Recherche: Woolf a été influencée par Scott-Moncrieff, à tel point que Cheilan a pu affirmer qu’«à partir de 1922, tous les romans woolfians seront proustians». Jusqu’à quel point le Proust «imparfait» de Moncrieff (souvent un «Anglicized Proust» qui renvoieaussià la prosed’un Henry James) a facilité son assimilation de la part de Woolf, qui en effet lisait Proust en original aussi bien que dans sa traduction anglaise? Dans une perspective plus ample, comment «le moment français» de la littérature anglaise (moment qui s’étend selon G. Philippe de 1880 à 1930) a pu favoriser et remodeler les échos entre Proust et Woolf? Vice-versa, nous invitons les chercheurs à étudier si, et jusqu’à quel point, les traductions de Woolf en français gardent ou nient des traces proustiennes, à partir des premières traductions des années 1920 jusqu’aux versions plus récentes (Woolf a été plusieurs fois traduite en français, même récemment).

Y a-t-il des échos plus profonds entre ces deux auteurs dans une tierce langue, comme par exemple l’italien? En revenant à l’idée de «porosité», jusqu’à quel point la littérature nationale du XXe siècle est redevable d’influences ressortant des échos croisés entre Proust et Woolf? Voici quelques pistes pour lesquelles nous invitons les chercheurs en études anglaises, françaises, italiennes, en littérature comparée, en stylistique et en traductologie à proposer leur contribution pour ce numéro thématique des Quaderni proustiani. Pour son issue de 2020, ce numéro est ouvert à d’autres contributions revoyant aux relations obliques existant entre les deux écrivains du «Modernisme».

Bibliographie disponible à ce lien:

http://quaderniproustiani.padovauniversitypress.it/system/files/QP2020_Woolf-Proust_AAC-fr.pdf

Modalité de présentation des contributions

Date d’échéance pour l’envoi des articles définitifs: le 30 avril 2020

•Résumé de 500 signes, espaces comprises

•Biobibliographie de 300 signes, espaces comprises

•Article de maximum 50.000 signes, espaces comprises

•Bibliographie en fin d’article

•Mise en page selon le modèle Word et les normes de la revue (téléchargeable sur le site de Padova University Press).

Révision en double aveugle

Retour des avis: pour le 15mai 2020.

•Réponse de la revue: le 15 juin 2020.

•Correction des épreuves: juillet 2020