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"Passer les frontières" (Le Havre)

Publié le par Marc Escola (Source : Maxime Emion)

4e journée des doctorants et jeunes chercheurs du PRSH : “Passer les frontières”

14 décembre 2017 - Université du Havre

 

“Établir une frontière, c’est toujours la franchir”[1], jugeait Hegel. Envisagée au sens large comme limite entre deux ensembles (géographiques, sociaux, culturels…), la frontière doit également être entrevue dans son rapport à la transgression, au franchissement, au dépassement : fixer une limite, ne serait-ce pas inviter à la nier ? De fait, cette limite renvoie à une idée floue, comme le signale par exemple en anglais la distinction établie entre les termes border et frontier. C’est aux paradoxes de ce concept que sera consacrée cette nouvelle journée d’étude du PRSH, dans une perspective interdisciplinaire ouverte à tous les doctorants et jeunes chercheurs en sciences humaines et sociales. Aussi, plutôt que d’envisager le problème de front, nous souhaiterions longer, contourner ou détourner les questions qu’il suscite. L’expression “Passer les frontières” invite à centrer l’analyse sur les acteurs, les pratiques ou encore les représentations du franchissement de ces limites. On pourra s’intéresser aux modalités du départ, du déplacement et de l’arrivée ; le passage des frontières, qu’il soit direct ou procède d’un contournement, qu’il soit ordinaire ou relève de la transgression, amène à une confrontation à l’altérité et à des transformations ; ce franchissement contribue lui-même à (re)définir les frontières.

Comme les années précédentes, ce thème est à entrevoir avant tout comme un point de départ pour la réflexion, et non comme une prescription. Les communications, qui visent à présenter un aspect particulier de votre thèse, pourront donc jouer sur tout le spectre de ses significations, en explorant un ou plusieurs de ces questionnements thématiques :

  • Passer les frontières : modalités historiques, sociales et géographiques

Les frontières constituent d’abord des objets géographiques marquant une limite, plus ou moins nette, entre deux territoires. En dépit (ou à cause) des dynamiques de la mondialisation, elles n’ont eu de cesse de se multiplier au cours des dernières décennies. Sous de nouvelles formes, et à différentes échelles, elles contribuent à  l’émergence de nouveaux territoires et donnent naissance à des formes d’organisation et des pratiques de l’espace originales. Les problématiques que soulèvent notamment les territoires transfrontaliers, les phénomènes diasporiques, les inégalités socio-spatiales, invitent à réfléchir sur la question du passage des frontières. En histoire aussi, la notion de frontière a dépassé son acception politique, et peut être entendue comme une zone d’échanges, de contacts et d’interactions. On pourra ainsi se demander comment, à différentes époques et en différents lieux, furent vécus et perçus les phénomènes de mobilité géographique et sociale, de conversions, de transgressions... Les notions d’acculturation, d’hybridation et de transferts culturels invitent également à la réflexion, dans des contextes aussi variés que, par exemple, le monde grec archaïque, l’Empire romain, l’Orient latin des croisades ou les sociétés modernes et contemporaines.

  • Passer les frontières en droit et en sciences politiques

Qu'elle soit physique, matérielle, idéologique ou théorique, l’idée de frontière est omniprésente dans la pensée juridique. Sur le plan idéologique, le travail du chercheur en droit consiste traditionnellement à effectuer un permanent aller-retour entre théorie et pratique. Ces deux notions sont présentées comme distinctes alors que leur interdépendance révèle leur caractère frontalier.

Par ailleurs, l'actualité politique, juridique ou économique met en évidence le besoin de revenir sur les questions relatives à l’utilité et l'efficacité des frontières. Ces dernières tantôt devenues poreuses, trop opaques ou inexistantes, demeurent des zones d’échanges enrichissants. Il sied alors d’analyser ces délimitations que sont “les frontières”  avant d’en envisager le dépassement.

  • Passer les frontières dans les domaines artistiques, linguistique  et philosophique

Si la philosophie, ou plus récemment les cultural et gender studies se sont saisies du concept de frontière pour mieux l’interroger, la linguistique, par les méthodes comparatives qu’elle suppose, repose sur la distinction même entre différents ensembles - langues, phénomènes syntaxiques, énonciatifs, lexicaux… Par ailleurs, la porosité des frontières est un problème inhérent au domaine littéraire. Depuis Aristote, la distinction entre les genres littéraires constitue un point de repère essentiel à la critique et un point de désaccord crucial. En outre, les écrivains se sont emparés du thème avec une inspiration toujours renouvelée, de l’élégie de l’exil chantée par Ovide aux déchirantes réalités contemporaines décrites dans l’Eldorado de Laurent Gaudé. La peinture ou le cinéma se font également l’écho de ces interrogations génériques, tout comme ils mettent en scène le franchissement des frontières.

  • Passer les frontières : enjeux en économie, gestion, marketing

Dans un univers économique de plus en plus libéralisé, parler de frontières peut paraître aujourd’hui paradoxal. Et pourtant, malgré la globalisation des échanges, une intégration plus grande aux marchés régionaux et sous régionaux, les spécificités nationales restent une priorité pour tous les acteurs économiques. Dans cette optique, le questionnement du chercheur en économie et/ou en gestion peut le conduire à analyser les frontières sous différents angles. Les frontières économiques peuvent apparaître à travers les rapports de force entretenus entre les différentes monnaies ou à partir des relations entre les différents espaces monétaires. Elles peuvent aussi être étudiées à travers le processus de libéralisation commerciale qui entraîne des mutations dans les modes de production, de consommation et même de gouvernement des économies. On peut également s’interroger sur la relation public/privé qui mue au fil du temps. Enfin, un focus au niveau des firmes, de l’écosystème d’affaires dans lequel elles s’insèrent peut rendre compte de l’existence des multiples formes de frontières et de leur franchissement dans le champ de l’économie et de la gestion.

 

Cette thématique nous invitera également à réfléchir, au cours de la journée, sur les aspects de la transdisciplinarité en sciences humaines et sociales, dont les frontières sont parfois confuses. Enfin, le thème  n’est pas sans rappeler la fonction initiatique du parcours doctoral, dont les étapes sont autant de frontières à traverser.

 

Les propositions de communication, de 500 à 600 mots, sont à envoyer au comité organisateur jusqu’au 13 octobre 2017 à l’adresse suivante : jdd.prsh@univ-lehavre.fr. Elles devront faire figurer en préambule une courte biographie (comprenant vos nom, prénom, adresse email, laboratoire, champ disciplinaire et université d’origine).

 

Comité d’organisation :

Cette journée est organisée à l’initiative des doctorants de l’Université du Havre.

Responsables de l’organisation : Maxime Emion & Gabrielle Grandcamp

Contact : jdd.prsh@univ-lehavre.fr

Comité scientifique :

Sébastien Adalid, Professeur de Droit public, LexFEIM, Université du Havre

Nada Afiouni, Maître de conférences en Langue et Littérature anglaise, GRIC, Université du Havre

Sonia Anton, Maître de conférences en Littérature française , GRIC, Université du Havre

Marie-Laure Baron, Maître de conférences en Sciences de Gestion, NIMEC, Université du Havre

Jean Noël Castorio, Maître de conférences en Histoire ancienne, GRIC, Université du Havre

Morgane Chevé, Professeur de Sciences économiques, EDEHN, Université du Havre

Pascale Ezan, Professeur en Sciences de Gestion, NIMEC, Université du Havre

Béatrice Galinon-Mélenec, Professeur de Sciences de l’Information, UMR Idées Le Havre, Université du Havre

Arnaud Le Marchand, Maître de Conférences en Sciences économiques, UMR Idées Le Havre, Université du Havre

Bruno Lecoquierre, Professeur de Géographie, UMR Idées Le Havre, Université du Havre

Patricia Sajous, Maître de Conférences en Géographie Aménagement, UMR Idées Le Havre, Université du Havre

Eric Saunier, Maître de Conférences en Histoire moderne, UMR Idées Le Havre

Stéphane Valter, Maître de conférences en Langue et Civilisation arabes, GRIC, Université du Havre

[1] Georg Wilhelm Friedrich Hegel, La Raison dans l’histoire : introduction à la philosophie de l’histoire, Paris, Union générale d’éditions, 1965, p. 247.