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Le silence en mots, les mots en silence (Quêtes littéraires, nº7)

Le silence en mots, les mots en silence (Quêtes littéraires, nº7)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Edyta Kociubińska)

« Mais quand deux hommes s’entretiennent, il y a toujours un tiers présent : le silence ; il écoute. Ce qui donne de l’ampleur à la conversation, c’est que les paroles ne se meuvent pas dans l’espace étroit des interlocuteurs, mais qu’elles viennent de loin, de là où le silence écoute. » Cette phrase de l’écrivain et philosophe suisse Max Picard extraite du Monde du silence (1948) confirme bien qu’il serait faux de prétendre que le silence revient à l’absence de paroles ou de sonorités. Tout au contraire, il peut accompagner les paroles, leur donner du retentissement ou en être l’essor, voire la plénitude, s’insérer entre elles comme un tiers qui prend part à la conversation. Qu’en est-il pour l’écrit et les œuvres littéraires ? Comment saisir le silence en mots, comment l’écrire et quelles sont les modalités du sens qu’il génère ? Dans le septième numéro de Quêtes littéraires nous souhaitons interroger la place et la fonction du silence dans les littératures française et francophone.

Nous proposons de mener la réflexion autour de trois piliers : générique, formel et thématique.

Quant aux genres littéraires, il y en a qui ne trouvent leur réalisation que sans paroles, bien que notés à l’encre. Tel est sans doute le cas de la pantomime qui jouit d’un rapport privilégié au silence. Or, outre les pièces mimées, le théâtre est un art de la parole par excellence, parole théâtrale qui peuple l’espace entre le comédien et le spectateur, mais aussi entre les personnages eux-mêmes. Par conséquent, lorsque les voix se taisent et le silence intervient, ne peut-on parler que d’un malaise, d’une déficience ou d’une lacune ? Et au sein du genre romanesque, quels sont les lieux privilégiés du texte pour exprimer le silence ? Quels types de textes narratifs sont particulièrement propices à la manifestation du silence ? Qu’advient-il des zones du silence en poésie ? Le non-dit, quelle place y occupe-t-il et quelles fonctions peut-il jouer lorsqu’il est enfermé en/entre les vers ?

Le deuxième axe de recherche concerne les dispositifs techniques mis en œuvre par l’auteur pour exprimer le silence à l’écrit et revient à s’interroger comment écrire le silence. Blanc typographique, saut à la ligne, vers pointillés, trois points ou d’autres moyens relevant de la mise en page graphique ou de la ponctuation semblent être les plus évidents pour amener dans le texte l’interruption de l’action, le saut dans le temps ou le non-dit. Cependant, il serait tentant d’examiner les procédés rhétoriques introduisant le silence tels qu’ellipse, prétérition, suspension, parataxte ou autres.

Finalement, les topoï relatifs au silence semblent particulièrement riches pour en choisir en vue d’une analyse intéressante. Sans vouloir prétendre à l’exhaustivité, nous proposons quelques pistes de recherche :

  • différents types de silence : solitaire, partagé, lourd de sens, à contresens ; 
  • le lien qu’entretient le silence avec la nuit, par opposition au couple jour-parole ;
  • la recherche du silence en tant que quête d’apaisement, de recueillement, d’immersion dans un lieu propice ;
  • silence comme moyen d’évoquer les souvenirs ou d’engendrer le retour du refoulé ;
  • silence en tant que déclencheur de la peur, de l’angoisse ou d’un malaise ;
  • le silence et la mort ;
  • le silence manifestant le vide de sens et l’émergence du néant ;
  • le silence et le religieux.

 

 Par cette invitation nous espérons, d’un côté, donner un apport intéressant à différentes recherches littéraires qui ont eu et ont toujours lieu dans le cadre des littératures française et francophone et, d’un autre côté, envisager la question dans toute sa diversité.

 

 

Calendrier

La date limite pour l’envoi de la proposition (titre + résumé d’environ 300 mots) est le 15 juillet 2017, à l’adresse quetes-litteraires@kul.pl

Les propositions seront examinées par un comité de lecture.

Les auteurs des propositions seront avisés avant le 20 juillet 2017.

Les normes de rédaction seront envoyées après l’acceptation de la proposition par le comité de lecture.

Langue des contributions : français.

Volume : 25 000 signes, notes et espaces compris.

Délai pour l’envoi des articles : le 15 octobre 2017.

 

La publication du septième numéro de Quêtes littéraires est prévue en décembre 2017.

Site web : www.kul.pl/quetes-litteraires

 

Comité scientifique :

José-Luis Diaz (Université Paris VII)

Gérard Gengembre (Université de Caen)

Georges Jacques (Université Catholique de Louvain-la-Neuve)

Edyta Kociubińska (Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II)

Wiesław Malinowski (Uniwersytet im. Adama Mickiewicza, Poznań)

Bertrand Marchal (Université Paris IV)

Paweł Matyaszewski (Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II)

Zbigniew Naliwajek (Uniwersytet Warszawski)

Judyta Niedokos (Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II)

Daniel Sangsue (Université de Neuchâtel)

Gisèle Séginger (Université Paris-Est Marne-la-Vallée)

Magdalena Wandzioch (Uniwersytet Śląski)

Contact pour envoi des résumés et pour toutes informations :

quetes-litteraires@kul.pl