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Reportages de guerre (post)coloniaux de langue française : hybridation des genres, concurrence des médias (Osnabrück)

Reportages de guerre (post)coloniaux de langue française : hybridation des genres, concurrence des médias (Osnabrück)

Publié le par Romain Bionda (Source : Sara Izzo)

Reportages de guerre (post)coloniaux de langue française: hybridation des genres, concurrence des médias

Section au 11e Congrès des Francoromanistes (du 26 au 29 septembre, Université Osnabrück) dans le cadre du programme littéraire

Direction de la section: Dr. Sara Izzo

 

L’étude de la transposition littéraro-journalistique des perceptions acquises des zones de combat (post)coloniales suppose une prise de conscience de la mutation des guerres durant la deuxième moitié du XXe siècle. Dans une perspective historique, il n’est plus question de guerres d’État classiques, mais de « nouvelles guerres » (Kaldor 1999, Münkler 2017), voire de « guerres hybrides » (Münkler 2017), qui naissent à l’intérieur d’un espace post-impérial et postcolonial et qui ne s’expliquent pas sans tenir compte des constellations territoriales à l’époque impériale et coloniale. Dans le prolongement des études sur la représentation des guerres – dites – civiles dans la littérature et les médias (v. Treskow/Buschmann/Bandau 2005 et 2008) l’accent sera mis ici sur le genre hybride du reportage littéraire. Ce dernier jouissant d’un renouveau en France notamment au travers des « mooks » se trouve en rapport d’influence avec la production contemporaine du roman et les tendances d’un « retour au réel » (Viart 2008).

Seront mis en discussion dans la perspective d’une hybridation des genres le rôle médiateur de l’« écrivain-reporter » (Boucharenc 2004) ou bien de l’« écrivain journaliste » (Cresciucci/Touzot 1998), l’entremêlement entre fiction et factualité dans le genre du reportage de guerre ainsi que l’influence du modèle journalistique narratif sur la littérature contemporaine et, en particulier, les « narrations documentaires […] qui empruntent à la littérature de voyage, au grand reportage, au récit ethnographique, au non fiction novel ou au nouveau journalisme leurs principes fondamentaux » (Ruffel 2012). Le reportage peut par exemple faire office d’hypotexte ou d’intertexte pour le roman, servir de modèle de narration quand le narrateur ou le protagoniste se révèle lui-même être journaliste, ou se refléter dans les techniques de montage des matériaux documentaires. La mise en question de la forme et de la fonction de semblables stratégies de fictionnalisation ou bien de factualisation quant à la médiatisation des violences (post)coloniales braque le projecteur non seulement sur la dimension poétique, mais aussi sur la dimension éthique des textes. Dans quelle mesure la littérarité se conçoit-elle comme l’exigence immanente d’une représentation des événements observés ? Ainsi, la question du (des)engagement des « écrivains-reporters » est également à problématiser au confluent du journalisme et de la littérature. De même, il faudra prendre en considération le changement fonctionnel des reportages qui apparaissent d’abord dans le contexte immédiat des événements guerriers en intervenant dans un discours spécifique et qui sont repris par la suite sous forme de livre. Tandis que le lien entre le reportage et le roman a été étudié de manière privilégiée pour ce qui concerne la première moitié du XXe siècle – même à travers des analyses d’œuvres particulières – il reste surtout des pistes de recherche ouvertes quant à la deuxième moitié du XXe siècle. (Cf. Boucharenc 2015)

Il s’impose d’examiner le développement esthétique et discursif du reportage littéraire de guerre dans une perspective diachronique et de mettre en lumière les motifs et les aspects de représentation caractéristiques pour des zones de combat spécifiques, surtout en tenant compte de nouveaux types de guerre. On peut à titre d’exemple citer le New Journalism né aux États-Unis dans le contexte de la guerre du Viêtnam et les techniques de l’image appliquées aux reportages écrits sur la guerre d’indépendance en Algérie (cf. Milkovitch-Rioux 2012). Ces modes de représentation sont mis en œuvre en réaction aux couvertures des médias officiels et s’inventent comme voix alternatives au discours autorisé, c’est-à-dire comme critique de la censure audiovisuelle en Algérie et du contrôle des médias aux États-Unis. Par ailleurs, l’apparition du genre très répandu dans l’espace francophone du reportage en bande dessinée (p.ex. Stassen, Guibert, Hippolyte, Chappatte), qui pose davantage le regard sur les conflits récents et actuels, est à situer dans ce contexte d’une concurrence avec les médias visuels et du diagnostic d’un « pictorial turn de nouvelles guerres » (cf. Paul Gerhard). Il paraît donc prometteur d’explorer l’impact de l’évolution médiatique et des transformations perceptives qui en résultent sur la forme et le modelage narratif du reportage de guerre.

L’objectif de la section est de mettre en lumière le genre du reportage de guerre (post)colonial sur le plan historique, générique et médiatique tout en discutant, si on peut cerner une poétique du reportage littéraire concernant les « nouvelles guerres » et les phénomènes de violence qui y sont générés. Pour mener le débat autour des interrogations esquissées, les analyses de cas sont tout aussi bienvenues que des propositions diachroniques et comparatives. 

Merci d’envoyer les propositions de communication (300 mots maximum) jusqu’au 15 janvier 2018 à l’adresse suivante: sizzo@uni-bonn.de

 

Contact:

Dr. Sara Izzo

Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn

Institut VII/Abteilung für Romanistik

Am Hof 1

53113 Bonn

sizzo@uni-bonn.de