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Répétition/Repetition (Londres)

Répétition/Repetition (Londres)

Publié le par Romain Bionda (Source : Charlotte Thevenet)

SFS Postgraduate Conference 2018
IMLR, London
Friday 16 March 2018

Keynote Speaker: Prof Peter Dayan (University of Edimburgh)

L’être humain est un animal mimétique. Pour apprendre à parler, à marcher, à lire, pour se souvenir et s’inscrire dans une histoire, on répète et on reproduit les gestes, les pratiques qui nous ont été enseignées et transmises. Sans ses redites, la vie serait indéchiffrable tant elles s’inscrivent au cœur de ce qui fait l’humain. Principe créatif, la répétition l’est particulièrement quand on se tourne vers les arts : en musique comme en poésie, la répétition est un principe de composition (canon, chanson…) et un vecteur d’expressivité (pathos). En outre, on peut lire dans la répétition un principe éthique, celui de l’imitation des modèles, lié à l’imitation des Anciens en littérature, et qui permet à celui qui s’y soumet de prétendre à l’excellence morale.

            Mais la répétition ne va pas sans ambiguïté ; si l’on répète pour apprendre et devenir autonome, ne répète-t-on pas aussi par conformisme, et ce parfois au détriment de ce que l’on sait juste, comme le montrent les plus glaçantes dystopies ? La répétition peut alors même friser le pathologique (palilalie, paliphrasie, itération), et l’on serait bien en peine de déterminer une frontière étanche entre ce mode de répétition et la répétition poétique. Dans la parodie, le mime, dans la bouche de personnages burlesques (chez Molière par exemple) ou non humains (le perroquet Loulou dans « Un cœur simple »), la répétition se fait comique et instrument de la satire. Mais la répétition mécanique parfois ne fait pas rire ; sur les chaînes de production, le travailleur s’aliène à répéter cent fois, mille fois, les mêmes gestes dépourvus de sens, et la répétition devient symbole de la condition du travailleur moderne. La répétition, enfin, peut prendre un tour tragique : que ce soit au niveau individuel avec Freud, ou au niveau collectif avec Hegel et Marx, l’histoire peut être conçue comme la répétition du même, que les sujets cherchent à tout prix, mais souvent en vain, à éviter (éviter que l’histoire ne se répète : trope bien connu de la deuxième partie du XXème siècle). 

            Quelles fonctions tient la répétition dans la littérature du Moyen-Age à nos jours ? Quel rôle joue-t-elle dans les arts du spectacle, où elle désigne à la fois la préparation en vue d’une représentation (rehearsal), et le principe même de l’adaptation qui consiste à répéter un texte dit des milliers de fois (Corneille ou Racine aujourd’hui), à répéter un motif exploité et mis en scène depuis la nuit des temps (Antigone, la guerre de Troie…) ? Comment comprendre l’usage de la formule dans des formes littéraires aussi diverses que la chanson de geste, le discours philosophique, le conte, la lettre… ? Répète-t-on toujours à l’identique, ou comme le suggère Borges dans « Pierre Ménard », n’y a-t-il que des objets singuliers impossibles à reproduire ? En mobilisant la « répétition » chez Deleuze (Différence et répétition), ou l’« itération » chez Derrida (« Signature Evénement Contexte »), on pourra s’interroger sur les réélaborations philosophiques auxquelles la notion de répétition a donné lieu dans le post-structuralisme français, et au-delà dans les fonctions nouvelles que lui ont conféré, par exemple, les gender studies.

 

La Society for French Studies invite les participant.es à envisager les aspects les plus divers de la notion de répétition et ce à travers tous les domaines des French and Francophone Studies, toute époque et discipline confondues, y compris la littérature, l’histoire, le théâtre, la poésie, la philosophie, la rhétorique, les translation, queer, gender, et cultural studies.

 

Les thèmes envisagés incluent :

  • Parodie et pastiche
  • Tropes de la répétition
  • (In)Authenticité
  • Originalité
  • Humour
  • Enseignement/didactique/pédagogie
  • La religion
  • L’animal
  • Mimétisme
  • Mimèsis

 

Les propositions de communication de 20 minutes (250-300 mots), en français ou en anglais, accompagnées du nom de votre institution, du titre de votre thèse et de votre année de doctorat, sont à envoyer à sfsrepetition2018@gmail.com avant le 5 janvier 2018.