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Walter Benjamin et les études littéraires : théorie et pratique du montage (Berne)

Walter Benjamin et les études littéraires : théorie et pratique du montage (Berne)

Publié le par Emilien Sermier (Source : Christophe Barnabé)

Walter Benjamin et les études littéraires :

théorie et pratique du montage

 

17 mai 2019, Université de Berne (Unitobler, salle F005)

Organisateurs : Muriel Pic (UNIBE), Vincent Debaene (UNIGE), Christophe Barnabé (UNIBE)

Conférencier invité : Georges Didi-Huberman (EHESS)

Programme doctoral en littérature française de la CUSO

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Docteur ès philosophie de l’université de Berne (27 juin 1919) avec une thèse sur le concept d’esthétique dans le premier romantisme allemand, Walter Benjamin est aussi critique littéraire et écrivain. Pour la pratique et la théorie de la littérature, sa pensée du « montage littéraire » est tout aussi importante que ne l’est, pour l’histoire de l’art, sa thèse sur l’aura et la reproductibilité technique de l’œuvre d’art. Inspiré par le cinéma, le collage plastique des avant-gardes, mais aussi le modèle technique de la chaîne d’assemblage, le montage possède une teneur critique que Georges Didi-Huberman a placée au centre de ses travaux sur les textes et les images. Acteur fondamental de la réception francophone de Walter Benjamin, Didi-Huberman envisage le montage comme « une heuristique de la pensée elle-même », point que nous souhaitons développer avec lui.

Dans le Livre des passages. Paris, capitale du XIXe siècle, Benjamin écrit : « Méthode de ce travail : le montage littéraire. Je n’ai rien à dire. Seulement à montrer. Je ne vais rien dérober de précieux, ni m’approprier des formules spirituelles. Mais les guenilles, le rebut : je ne veux pas en faire l’inventaire mais leur rendre justice de la seule façon possible : en les utilisant ». Cette définition, que les notions postérieures d’intertextualité et de transmédialité ne suffissent pas à expliquer, doit être mise en relation avec l’affirmation de 1929 formulée par Benjamin dans son texte critique sur Alfred Döblin : « Le montage véritable part du document ». Pour Benjamin, le montage se fonde sur l’insertion des documents de la culture et de la barbarie dans la trame du texte et, à ce titre, fait « exploser le roman » en proposant de « nouvelles possibilités épiques ». De plus en plus fréquemment revendiqué par les écrivains comme une méthode d’écriture, le montage est parfois concurrencé par la notion anthropologique de bricolage.

Cette journée voudrait mesurer la pertinence de la notion de montage pour les études littéraires et, plus généralement, ce que la pensée de Walter Benjamin peut apporter à l’analyse des textes. Aborder avec les doctorants la théorie et la pratique du montage chez Benjamin permettra de repenser la question du rapport du texte et de l’image, l’usage du fragment, l’intertextualité et la transmédialité, le plagiat, l’énonciation multiple, les liens entre savoir documentaire et imagination, mais aussi entre littérature et culture.

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Programme

 

10h15 Accueil des participants

10h30 Allocution du Prof. Dr. Anselm Gerhard, président du Walter Benjamin Kolleg

10h35 Présentation de la journée par Muriel Pic

10h45 Conférence de Georges Didi-Huberman : « “Allons-nous donc

renoncer à être romantiques ?” »

11h45 Discussion. Répondants : Muriel Pic et Vincent Debaene

 

12h15 Déjeuner

 

13h30 Valery Rion (Université de Neuchâtel) : « Le pouvoir méduséen du

montage littéraire : le cas de Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach. »

14h Marie Kondrat (Université de Genève) : « Le montage d’Eisenstein

et ses appropriations littéraires (poétique, critique, théorie). »

14h30 Pause café

14h45 Heike Fiedler (Université de Berne) : « Performance d’auteur.e et montage

littéraire : Différences et ressemblances – une conséquence pour la

notion d'écriture ? »

15h15 Francesco Deotto (Université de Genève) : « Sur l’herméneutique littéraire

comme “espoir dans le passé”. À partir de Benjamin et Szondi. »

15h45 Conclusion : Patrick Suter, « Montage et critique de la culture »

 

Voir également: le numéro d'Europe (n° 1069, mai 2018), dirigé par Muriel Pic, consacré à Georges Didi-Huberman.