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« Une espèce de prédiction ». Dire et imaginer l’avenir dans la fiction d’Ancien Régime

 

 

Partez, et n’attirez pas sur vous la vengeance du Ciel et des hommes, par tous les maux que peut encore ici causer votre présence. Cette menace fut une espèce de prédiction. Patrice s’y arrêta peu, et j’étais fort éloigné moi-même de prévoir qu’elle dût se vérifier par des événements qui devaient la suivre de si près.

 

Dans ce passage du Doyen de Killerine de Prévost, le doyen personnage prononce des prédictions dont il ne mesure pas exactement la portée ; le doyen narrateur en confirme par avance la vérité. De fait, dans l’univers de la fiction, les anticipations sont susceptibles de prendre des formes diverses. Elles peuvent provenir du narrateur, dont les prolepses inversent l’ordre chronologique du récit, mais également être le fait de certains acteurs de la diégèse : les dieux peuvent prédire l’avenir, qu’ils prennent la parole directement ou s’expriment au travers d’oracles ; quant aux simples humains, ils peuvent aussi acquérir un pouvoir mantique à des occasions particulières ou, simplement, à tort ou raison, imaginer l’avenir.

 

Les contributions réunies à l’issue du colloque « “Une espèce de prédiction” : dire et imaginer l’avenir dans la fiction d’Ancien Régime » (Université de Picardie Jules Verne, 11-12 mai 2017) reflètent ce polymorphisme. Prolepses narratives, oracles, prédictions et pressentiments sont analysés selon différentes perspectives, qui permettent d’analyser les réflexions sur la causalité et la prévisibilité des événements auxquelles ils engagent, de cerner leurs effets sur la lecture, la manière dont ils structurent le récit et suscitent des attentes, souvent comblées, parfois déçues.

 

Textes réunis par Coralie Bournonville et Lise Charles