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Les utopies que nous vivons (EHESS, Paris)

Les utopies que nous vivons (EHESS, Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : LAP | UMR 8177 CNRS-EHESS)

Programme de rencontres 

 Les utopies que nous vivons 

 Deuxième semestre de l’année 2023-2024 

EHESS, 54 bld. Raspail, 75006, Paris 

Organisé par Mara Magda Maftei, LAP | UMR 8177 CNRS-EHESS[1]

avec Rahma Khazam, Chiara Palermo, Emmanuel Picavet, 

Université Paris 1 Panthéon Sorbonne  

Les mutations sociales et environnementales qui traversent nos sociétés obligent les chercheurs en sciences humaines et sociales, les écrivains ainsi que les artistes, à réfléchir à de nouvelles méthodes afin d’approcher des enjeux qui semblaient, il y a longtemps, utopiques. Lors des quatre séances, ce programme a pour vocation de privilégier un dialogue interdisciplinaire entre différentes sciences humaines et sociales et la création littéraire et artistique comme représentation du réel. Qu’est-ce que la littérature et l’art peuvent attendre de l’histoire, de la philosophie, de l’anthropologie à l’heure d’un contexte marqué par la coexistence de deux régimes d’historicité : celui dicté par la technoscience et celui qui continue de déchirer le monde à cause des guerres traditionnelles ? Le défi du XXIe siècle est double : faire cohabiter ces deux régimes, faire revivre même le concept d’hétérotopie de Michel Foucault, avec une réécriture des institutions responsables de la « (ré)éducation » de l’individu. Nous notons le passage du contrôle exercé dans certains pays par différentes institutions de l’État (police politique, prisons…) à des formes de pouvoir émanant de nouvelles institutions, transversales (le Laboratoire, l’espace virtuel) se soumettant à des règles décidées par la société numérique. Cette nouvelle réalité, que nous ne pouvons pas négliger, impacte l’art et la littérature : les romans historiques, les « romans historiens », la littérature de témoignage, les arts visuels coexistent ainsi avec la fiction prospective (fiction du possible qui repose sur la production de scénarios appliqués à notre présent modifié par la technoscience) ou des installations dirigées par des intelligences artificielles. 

La démarche encouragée par ce programme vise à atteindre la fusion utopique de ces deux régimes, de cette double réalité à la fois historique et technoscientifique, de manière épistémologique et interdisciplinaire. Elle est enrichie grâce aux participants dont les compétences relèvent de plusieurs disciplines et elle se concentre ainsi sur une circulation de pratiques, d’idées de l’anthropologie, de l’histoire, de la philosophie, des différentes sciences vers la littérature contemporaine et l’art et vice-versa, à l’heure à laquelle de nouvelles règles de vie et de nouveaux champs de rationalités se dessinent pour l’être humain et son environnement culturel et politique. Plusieurs modifications touchent ainsi directement l’humain, son comportement social, son rapport avec d’autres êtres vivants, son environnement et invitent, peut-être, à réfléchir à une nouvelle théorie critique qui n’est plus reliée à de seules idéologies politiques, comme nous avons pu le connaître, mais qui prend en compte le non-humain, la machine et le virtuel. Entendues dans le sens de fiction aux ambitions esthétiques, ou dans le sens d’expériences touchant à la matière vivante ou machinique et pouvant transformer la manière dont nous définissons la vie, la littérature et l’art réagissent à ces mutations et cela est d’autant plus intéressant à analyser. 

Puisque les éditeurs publient de plus en plus de romans qui s’intéressent aux enjeux que nos sociétés contemporaines traversent, puisque les écrivains assurent des conférences avec les chercheurs en sciences humaines et sociales, puisque les artistes prennent exemple sur les géologues, informaticiens, mathématiciens ou biologistes, plusieurs questions s’imposent : 

Des romans sont écrits en s’appuyant sur des concepts et des pratiques empruntés aux sciences humaines et sociales, tout comme les artistes peuvent explorer les problématiques qui intéressent ces disciplines. Comment cet exercice influence-t-il la dimension esthétique de la littérature ou de l’art contemporains ? Les frontières entre les disciplines se fragilisent-elles ? Sont-elles vraiment importantes ? 

Quels sont les critères de littérarité auxquels se soumettent les romans contemporains préoccupés par des changements infligés à l’homme et à son environnement via les guerres traditionnelles et la technoscience ? De même, quels sont les critères régissant l’art aux prises avec cette même actualité ?

Quelles sont les caractéristiques d’ordre méthodologique qui font la différence entre le travail d’un écrivain ou d’un artiste et celui d’un chercheur en sciences humaines et sociales ? Avons-nous encore besoin des catégories ?

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Première séance co-animée par Rahma Khazam et par Mara Magda Maftei 

Définir le vivant : mardi 16 janvier (16 h-19 h, salle BS1_28)

 ·    Virginie Courtier, Directrice de recherche CNRS, Chaire annuelle Biodiversité et écosystèmes au Collège de France 

·    Samuel Bianchini, artiste et enseignant-chercheur, École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs—Paris (EnsAD) / PSL Research University Paris

·    Dana-Fiona Armour, artiste

Deuxième séance co-animée par Rahma Khazam et par Mara Magda Maftei 

Fiction, art, écologie et zoopoétique : mardi 6 février (16 h-19 h, salle BS1_28)

 ·         Anne Simon, Directrice de recherche CNRS, Professeure ENS

·         Jens Hauser, enseignant-chercheur en biotechnologie et commissaire d’exposition

·         Joséphine Flasseur, artiste

·         L’écrivaine Lucie Taïeb

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Troisième séance co-animée par Mara Magda Maftei, Chiara Palermo et Emmanuel Picavet 

Fiction, histoire, exil : mardi 12 mars (16 h30 -19 h, salle AS1_24)

 ·        François Dosse, Les vérités du roman : Une histoire du temps présent, éditions Le Cerf, 2023

·         Albert Dichy, Directeur littéraire, Institut Mémoires de l’édition contemporaine[2]  

·         L’écrivaine Leïla Sebbar 

·         Massinissa Selmani, artiste plasticien

Quatrième séance co-animée par Mara Magda Maftei, Chiara Palermo et Emmanuel Picavet 

Fiction et anthropologie : mardi 23 avril (16 h30 -19 h, salle BS1_28)

 ·         Nicolas Jaoul, CNRS 

·         Lionel Obadia, Professeur, Université Lyon 2 France, L’au-delà, penser la vie après la mort à travers l’histoire et les cultures (Eyrolles, février 2024) ; La spiritualité (La découverte, collection « Repères », juin 2023)

·         Olivier Remaud (Directeur d’études, EHESS), Quand les montagnes dansent, Actes Sud, 2023, et Penser comme un iceberg, Actes Sud, 2020 (réédition Babel poche, 2023) 

·         Tarik Kiswanson, artiste plasticien

 


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[1]     Contact : magda.maftei@ehess.fr
[2] Le dernier colloque organisé « Jean Genet et la Palestine », dans le cadre de « Ce que la Palestine apporte au monde », 18 novembre 2023.